Intervention de Philippe Vitel

Réunion du 3 février 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vitel, rapporteur :

Je souhaite rassurer M. Hilmeyer ; le rapport explique en détail ce qu'est l'AP-OTAN et la manière dont elle fonctionne. Par ailleurs, l'ensemble des réflexions que nous conduisons dans notre rapport sont irriguées par les travaux effectués dans le cadre de l'AP-OTAN et le rôle qu'elle joue dans des domaines aussi importants que la cyber-sécurité, la défense anti-missiles ou encore les changements géopolitiques liés au réchauffement climatique.

La Turquie, membre de l'OTAN depuis 1952, est considérée comme un « bon élève » de l'Alliance. Elle participe à 4,1 % du budget de l'organisation, elle est le quatrième contributeur aux opérations de l'OTAN, et elle assure un rôle majeur dans certaines d'entre elles : je pense notamment à la relation post-2015 avec l'Afghanistan où elle est nation-cadre dans la mission Resolute Support pour la région de Kaboul. Par ailleurs, dans le cadre de la crise russo-ukrainienne, les Turcs ont largement contribué aux mesures de réassurance prises à l'égard des Alliés orientaux et ont annoncé qu'ils seront nation-cadre de la force interarmées à très haut degré de réactivité de l'Alliance. Mais il est vrai que le positionnement de la Turquie est marqué par une tension entre d'une part, sa volonté de s'affirmer comme une voix forte au sein de l'OTAN avec des attentes élevées vis-à-vis de l'Alliance – en termes de défense collective et de financement commun par exemple –, et d'autre part, son souhait de préserver une entière autonomie politique en se montrant parfois difficile s'agissant des compromis nécessaires au nom de la solidarité alliée : par exemple sur les partenariats, en particulier entre l'OTAN et l'Union européenne. En somme, la Turquie est un allié fiable pour l'OTAN, mais dont les positionnements doivent toujours être examinés avec circonspection, dans le cadre d'un dialogue permanent. Je tiens enfin à souligner qu'il existe un autre domaine où la Turquie a une grande importance. Elle s'est rapprochée de la France en ce qui concerne les menaces du flanc sud, qui sont parfois négligées dans les réflexions sur l'évolution des postures de l'Alliance. En ce sens, la Turquie est un allié de la France pour faire valoir cette dimension et cette orientation qui auront toute leur importance dans le cadre du prochain sommet de l'organisation. La Turquie est donc dans une situation singulière, avec ses ambiguïtés et ses contradictions, mais qui repose malgré tout sur une fidélité marquée depuis plus de soixante ans.

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