Pour répondre à Alain Moyne-Bressand sur les ventes réalisées par les États-Unis dans le cadre de l'OTAN, je dirais que les Américains ne sont pas ennemis de leurs intérêts ! Ce qui est certain c'est que la réintégration de la France, et notamment le rôle du SACT, joue un rôle très important. Nous avons en effet à Norfolk un ensemble de personnels de la DGA, capables d'intervenir en amont des décisions relatives aux normes. Les Américains ne sont donc plus en mesure d'imposer seuls leurs propres règles, ce qui leur permettait auparavant de vendre leurs matériels à l'OTAN, quasiment sans compétition. L'obtention du poste de SACT constitue sans nul doute un élément très positif de notre retour dans le commandement militaire intégré. Les normes ne sont plus simplement américaines mais aussi internationales. Toutefois, les Américains vendent leurs matériels à nos partenaires européens en raison de la protection qu'ils leur assurent par ailleurs, en leur offrant le parapluie de leur défense – et il est alors plus difficile pour nous de lutter. Mais sur la partie normative, la France joue désormais un rôle très important.
Le rôle de l'OTAN dans la lutte contre Daech sera l'une des questions du Sommet de Varsovie au mois de juillet. Nous souhaitons que l'OTAN porte son regard non seulement vers l'est, mais aussi vers le sud. L'OTAN n'y joue pas aujourd'hui un véritable rôle car il s'agit de relations bilatérales entre Français et Américains. L'OTAN, grâce à son centre de commandement de Naples, peut cependant jouer un rôle d'appui assez intéressant. À l'heure actuelle, il n'y a donc pas d'intervention de l'OTAN en tant que telle dans la lutte contre Daech, mais des relations bilatérales entre pays qui ont l'habitude de travailler ensemble dans le cadre de l'OTAN – le développement de cette interopérabilité entre nos armées constitue un point essentiel d'après nous.
Yves Fromion a évoqué le rôle joué par le Royaume-Uni dans l'OTAN. Nous savons qu'il y occupe une place un peu particulière, en ne concevant la politique de défense que par l'OTAN et non par l'Union européenne. Pour ce qui concerne la défense de la Pologne, ou des pays baltes en général, c'est l'OTAN en tant que tel qui effectue la réassurance. Nous ne voulons pas placer dans ces pays des troupes fixes de l'OTAN, mais les pays européens de l'OTAN assurent par exemple la police aérienne de ces pays ainsi qu'une présence militaire. La France a joué son rôle, tant en matière de police aérienne que par l'envoi de chars Leclerc sur le terrain.