Intervention de Thierry Braillard

Séance en hémicycle du 4 février 2016 à 15h00
Lutte contre le hooliganisme — Présentation

Thierry Braillard, secrétaire d’état chargé des sports :

Permettez-moi tout d’abord de faire un peu de pédagogie sémantique en reprenant le travail du sociologue Nicolas Hourcade, qui a distingué quatre types principaux de supportérisme.

Premièrement, celui des supporters classiques, généralement assis en tribune, en famille ou entre amis, qui chantent peu et ne se livrent guère à des incivilités.

Deuxièmement, celui des associations de supporters traditionnels ou officiels qui encouragent leur équipe et cherchent à nouer des relations étroites avec les joueurs et les dirigeants, à les aider sans entraver leur action, et qui rassemblent des supporters de tous âges.

Troisièmement, celui des supporters autonomes, parmi lesquels on retrouve les « ultras », qui, au sein des kops, préparent et mettent en scène le soutien à leur équipe. Ils adoptent une posture de revendication et de défense de leurs intérêts et affirment leur autonomie par rapport aux associations officielles et aux dirigeants du club.

En tant que tels, ils ne doivent pas être confondus avec la quatrième catégorie, peu répandue en France : celle des hooligans, qui forment des bandes informelles, recherchent régulièrement la violence sous toutes ses formes et doivent donc être sévèrement punis en cas d’infraction pénale.

Depuis plus de trente ans, les textes législatifs et réglementaires français sur le supportérisme se sont, pour l’essentiel, concentrés sur la répression des actes de violence. C’est bien entendu indispensable, car cela permet d’assurer la sécurité des personnes et des biens et de préserver le bon déroulement des compétitions. Il est important d’en renforcer certains aspects, liés en particulier aux interdictions de stade ou de déplacement. Ces interdictions sont décidées afin de satisfaire un juste équilibre entre, d’une part, la protection des stades et des spectateurs, et, de l’autre, la préservation des libertés publiques. Le ministère de l’intérieur et la Division nationale de lutte contre le hooliganisme préservent d’ailleurs cet équilibre, sans volonté de nuire à qui que ce soit.

Il est tout aussi important de doter les clubs professionnels d’outils complémentaires et encadrés afin qu’ils puissent assumer leurs obligations en matière de sécurité. C’est l’objet initial de la présente proposition de loi.

Je puis vous assurer que cet objectif de lutter contre la violence dans et hors des stades est une priorité du Gouvernement. Dans le cadre de l’Euro 2016 de football, qui aura lieu en France du 10 juin au 10 juillet, tout est mis en oeuvre, sous l’égide du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, pour que cet événement sportif international se déroule dans les conditions les plus parfaites, tant du point de vue de la sécurité que de l’accueil, sur notre territoire, de milliers de spectateurs, et pour que, au final, il soit une très belle fête populaire.

À la suite des dramatiques événements que notre pays a connus en 2015, et face aux menaces dont il est l’objet, les mesures de sécurité prévues pour l’Euro 2016 ont encore été renforcées afin que celui-ci se déroule au plus haut niveau de sécurité possible. Cela concerne tant les stades et leurs abords que les « fan zones » dans les dix villes hôtes et les autres lieux ouverts au grand public de retransmission des matchs.

Mais, sans évidemment méconnaître ces impératifs de sécurité, ils ne peuvent être la seule approche s’agissant des supporters et du supportérisme.

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