Intervention de Thierry Braillard

Séance en hémicycle du 4 février 2016 à 15h00
Lutte contre le hooliganisme — Présentation

Thierry Braillard, secrétaire d’état chargé des sports :

En effet, le dialogue avec les supporters est lui aussi essentiel, en particulier pour préserver la sécurité lors des rencontres sportives. C’est donc un rééquilibrage entre ces deux aspects qu’il nous faut prôner, et que je prône, à titre personnel, depuis plusieurs années. Cela nécessite – et c’est une condition sine qua non – des interlocuteurs crédibles et responsables, qui doivent être exemplaires et capables de condamner tout comportement contraire aux valeurs du sport.

L’enjeu est ainsi de responsabiliser les supporters et leurs associations afin de mieux les reconnaître et de mieux les associer au mouvement sportif français. Avec ce texte, qui sera amendé, c’est une main qui leur est tendue.

Le contexte est aujourd’hui favorable à une telle évolution. La Convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives, qui date de 1985, est à un tournant : en témoigne l’actuel processus de révision qui, pour la première fois, met l’accent sur le dialogue avec les supporters. En France, en 2010, sur l’initiative de Rama Yade, Le Livre vert du supportérisme avait souligné ce besoin de dialogue et de reconnaissance des supporters vis-à-vis des instances sportives et institutionnelles.

Cette volonté, nous l’avions bien perçue, avec Marie-George Buffet, Pascal Deguilhem et Guénhaël Huet, lorsque nous avons commis, en 2013, un rapport sur le fair-play financier européen et son application au modèle économique des clubs de football professionnel français.

En 2014, Jean Glavany, dans son rapport Pour un modèle durable du football français remis à Valérie Fourneyron, alors ministre des sports, allait également dans ce sens. Sur cet aspect, l’une de ses propositions était, en effet, d’associer les supporters et leurs associations agréées à la prévention de la violence et de développer le dialogue, tant au niveau local que national. La proposition de loi relative à la représentation des supporters, déposée à l’Assemblée nationale et au Sénat en juin 2015 et signée par de nombreux parlementaires de tous bords, montre à quel point le sujet est d’actualité et doit pouvoir, cet après-midi, nous réunir.

Plusieurs colloques – telles les assises du supportérisme de 2014 et 2015 – et la constitution de fédérations de supporters – tels le Conseil national des supporters de football, le CNSF, ou l’Association nationale des supporters, l’ANS – confirment la démarche de prévention et de dialogue dans laquelle l’ensemble des acteurs du sport professionnel se sont engagés et doivent encore s’engager.

C’est d’ailleurs dans cet esprit que s’inscrit l’action de la Fédération française de football, qui ouvre le dialogue avec les associations de supporters de football. On peut dresser le même constat dans les autres disciplines sportives.

Il existe donc aujourd’hui une réelle volonté, de la part des supporters, de se structurer et d’apparaître comme des interlocuteurs crédibles vis-à-vis des autorités, en premier lieu des autorités publiques. C’est pourquoi le temps est venu de responsabiliser et de reconnaître les supporters comme des acteurs du sport, qui doivent en respecter et en promouvoir les valeurs éducatives et citoyennes, tout en rappelant, dans le même temps, qu’ils doivent participer au bon déroulement des manifestations sportives et prévenir les comportements répréhensibles dans les stades.

Les supporters ne sont pas des consommateurs de sport : ils sont des acteurs de la vie d’un club, vecteur de lien social. Ils sont essentiels pour l’animation des stades, pour assurer le caractère festif et convivial des matchs et pour pousser les sportifs à se dépasser.

Lors de l’Euro, nos Bleus auront besoin du soutien de tous leurs supporters pour aller le plus loin possible dans cette prestigieuse compétition.

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