Intervention de Pascal Cherki

Séance en hémicycle du 5 février 2016 à 15h00
Protection de la nation — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Cherki :

Monsieur le Premier ministre, en 1998, vous étiez conseiller technique auprès de Lionel Jospin quand celui-ci, alors Premier ministre, a interdit la déchéance de nationalité pour les naturalisés. Si l’on en faisait des apatrides, à quel retournement de l’histoire – pour ne pas employer une image vestimentaire – assisterait-on aujourd’hui !

Nous faisons face à un double déni. D’un côté, certains disent que cela n’a rien à voir avec l’islam, alors que ceux qui commettent ces attentats le font au nom d’une conception de l’islam qu’il faut combattre. D’un autre côté, on entend que cela n’a rien à voir avec la France, alors que des Français commettent ces actes. Alors que Jacques Chirac a su reconnaître, dans son discours du Vél’ d’Hiv, la responsabilité de la France dans la collaboration et la participation de notre pays au génocide, je ne comprends pas que nous ne soyons pas capables de reconnaître la responsabilité de Français pour des actes que nous combattons.

Troisièmement, une révision de la Constitution se fait dans le rassemblement. C’est la responsabilité du Gouvernement, du Premier ministre et du chef du principal parti de l’opposition de créer les conditions de ce rassemblement pour parvenir à un consensus. En l’occurrence, vous avez créé les conditions du dissensus, tant à gauche qu’à droite. La sagesse voudrait que vous retiriez l’article 2, car vous suscitez de la confusion au lieu d’apporter de la sérénité.

2 commentaires :

Le 12/04/2017 à 08:55, Laïc1 a dit :

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"Alors que Jacques Chirac a su reconnaître, dans son discours du Vél’ d’Hiv, la responsabilité de la France dans la collaboration et la participation de notre pays au génocide"

Ça veut dire quoi "la responsabilité de la France" ? Comme il n'y a pas de France sans Français, faut-il en déduire que tout Français, chaque Français actuel, doit se sentir responsable de la collaboration et de la participation au génocide, puisque la France serait responsable ?

Il y a eu des Français qui ont collaboré et participé au génocide, comme il y a eu des Français qui ont résisté et pris les armes contre les Français collaborateurs, ou les Allemands. Que l'on se souvienne du collabo Henriot, secrétaire d'État à l'Information et à la Propagande du gouvernement Laval, assassiné par des résistants français : qui était le plus Français : Henriot, qui représentait l'Etat français, ou les résistants qui l'ont tué ? Qui représentait la France, Henriot, secrétaire d'Etat, ou les résistants, sans grade et sans fonction officielle dans l’État français, qui l'ont assassiné ?

M. Chirac aurait dû dire "une certaine France honteuse, en laquelle nous ne nous identifions en aucun cas, et que nous ne voulons plus jamais revoir, a pu collaborer et participer au génocide des juifs, mais pas toute la France, et c'est l'honneur de la France de ne pas s'associer à ces crimes historiques qui ont flétri l'honneur du genre humain."

En plus, quel sens cela aurait d'associer tous les Français d'aujourd'hui à la responsabilité de la rafle du Vel d'Hiv ? Il y a des Français de toutes origines, il y a des Français d'origine juive également, et devraient-ils supporter, au nom de l'unité du peuple français et son indivisibilité, d'endosser la responsabilité historique de la rafle du Vel d'hiv, alors qu'ils en auraient été les premières victimes s'ils avaient pu remonter le temps ? Cela n'a pas de sens.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 11/05/2017 à 15:55, Laïc1 a dit :

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Voilà ce que j'ai trouvé dans Wikipédia sur l'histoire de la Shoah en Roumanie. Pour résumer, il y a deux positions : la première position pense que l'antisémitisme roumain est une exception, un "hiatus" dans l'histoire de la Roumanie, la seconde position pense que l'antisémitisme est inhérent à l'identité roumaine, qu'elle en fait viscéralement partie.

C'est alors qu'intervient ce passage que je reproduis :

"L'historien Neagu Djuvara, pour sa part, a estimé que la première position (celle de l'hiatus) est « cathartique, car elle suscite l'horreur chez les jeunes générations, et les incite à prendre des moyens pour que cela ne recommence pas », tandis que la deuxième position (celle de l'antisémitisme comme partie intégrante de l'identité) est « génératrice de nouvelles formes de xénophobie, car le jeune lecteur se trouve accusé et culpabilisé d'être antisémite par le seul fait d'être né roumain, ce qui ne l'incite pas à ressentir de l'empathie pour les victimes, et peut le pousser à adhérer aux fantasmes des bourreaux » ; il ajoute que « si l'on appliquait cette position à la France, il faudrait considérer Gobineau, Maurras, Darnand, Doriot et le régime de Vichy comme une part incontournable de l'identité française ».

Ainsi, si on dit que la France est responsable de la rafle du Vel d'Hiv, on affirme que l'antisémitisme est consubstantiel à l'identité française, que, comme dit Neagu Djuvara, Gobineau, Maurras, Darnand, Doriot et le régime de Vichy, sont une part incontournable de l'identité française, et donc que la rafle du Vel d'Hiv est une part incontournable de l'identité française, ce qui incitera les jeunes générations, comme dit l'extrait, à se sentir culpabilisées d'être françaises, elles se sentiront antisémites, du seul fait d'être nées françaises, puisque la France serait antisémite et responsable de la déportation de ces juifs, identité française qui par ailleurs exclurait les jeunes français d'origine juive, puisque comment pourraient-ils se sentir culpabilisés d'un crime dont ils auraient été les victimes ? Cela n'a pas de sens (voir mon message précédent).

Maintenant, si on dit le Vel d'Hiv est un hiatus, une exception dans l'histoire de France, que l'on ne peut en aucun cas dire que c'est la France qui est responsable de la rafle du Vel d'Hiv, plus rien n'empêche les jeunes Français, toutes origines confondues cette fois, de rejeter cette odieuse identification que l'on veut leur imposer avec les criminels qui osent se dire la France à eux tout seul, de comprendre toute l'horreur du crime qui a eu lieu en France, et donc de prendre les moyens pour que cela ne se reproduise plus.

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