Il me semble que vous êtes à la recherche d'un néo-keynésianisme à l'échelle d'une grande zone. Vous concluez qu'il faut transférer le discrétionnaire à l'intergouvernemental, en prévoyant même des mécanismes les plus automatiques possibles, et laisser les stabilisateurs automatiques faire le reste. Or les budgets nationaux présentent des structures très différentes. Le budget français n'est plus celui de l'après-guerre ; la dépense publique française n'a plus aujourd'hui les mêmes effets. L'investissement est devenu, au niveau du budget national, très faible, quasi paralytique, c'est pratiquement un budget reconductible d'année en année. On ne peut agir que sur les fonctionnaires, qui sont d'ailleurs les seuls à avoir contribué à l'austérité au cours de ces dernières années ; les dépenses publiques en faveur de l'agriculture ou des cheminots sont quant à elles restées au même niveau. Une telle situation ne permet pas de relance keynésienne, faute d'investissement. Est-ce la même chose en Allemagne ? Comment peut-on concevoir un dispositif comme le vôtre avec des budgets si différents ? Vous avez d'ailleurs pointé le transfert de l'investissement, en France, vers les collectivités locales ; personne ne peut dire à un président de région qu'il faut investir telle somme à tel endroit et à tel moment. La politique d'investissement est pratiquement sans pilotage.
Enfin, comment s'articule votre politique budgétaire, coopérative, intergouvernementale, avec la BCE, réputée indépendante ?