C'est question de pratique. La semaine dernière a eu lieu à la BCE une journée de réflexion sur le sujet. Les textes indiquent que le Conseil budgétaire produira un rapport par an, mais s'il ne peut faire de communication en temps réel, il est mort-né. C'est pourquoi quelqu'un de la Commission européenne a souligné que ce n'est pas parce que ce n'était pas écrit que ce n'était pas possible…
Le taux de change de l'euro est flexible. L'euro a justement été créé pour que les États bénéficient d'une monnaie moins sensible aux changes, et c'est de ce point de vue une réussite ; l'évolution de son taux de change est moins importante que celle du franc. Je ne crois pas du tout aux bornes de fluctuation. Il faut plutôt faire en sorte que l'euro évolue de manière contra-cyclique, ce qui, contrairement au dollar, n'est pas toujours le cas.
Le budget est très peu malléable, mais l'avantage d'un budget important, c'est que les stabilisateurs automatiques sont grands. L'investissement public est beaucoup plus élevé en France qu'en Allemagne. En Allemagne, beaucoup de gens ne croient pas aux multiplicateurs keynésiens – ils ne croient pas qu'en période de crise, faire plus de déficit soutienne l'activité –, ce qui rend la coordination de politiques budgétaires extrêmement difficile.
L'articulation avec la BCE est un sujet délicat, dans la mesure où la Banque centrale est indépendante, mais Mario Draghi a fait des appels du pied. La BCE serait prête à entrer en discussion avec un organe politique de la zone euro.
En ce qui concerne l'échéancier, nous proposons à la fois des choses à court terme et des discussions à lancer pour des réformes à plus à long terme. L'assurance chômage ne peut se faire l'année prochaine. Mais il est important de ne rien négliger, car améliorer certaines choses tout de suite permet de redonner du goût pour l'Europe et de faciliter des projets plus ambitieux ultérieurement.