Une mesure symbolique : pourquoi pas ? Mais quand on en est réduit à modifier la Constitution à la hâte et que la lutte contre le terrorisme se résume à cela, il y a de quoi se poser des questions. Depuis plus de deux mois, le Gouvernement concentre tous ses efforts à trouver une rédaction compréhensible et acceptable de cet article. Pendant que le microcosme ne parle que d’une mesure non rétroactive, qui n’empêchera pas les terroristes de passer de nouveau à l’acte, le fond du problème est totalement ignoré : comment mettre fin à la radicalisation de jeunes qui sont bel et bien français ? Comment assurer la sécurité des Français une fois que l’état d’urgence sera terminé ? Cette mesure évite également d’évoquer des sujets économiques car, je le répète, l’état d’urgence est avant tout économique : plus de 3,5 millions de chômeurs, des agriculteurs dans la rue, des entrepreneurs et des particuliers révoltés. Pourtant, le Président de la République, gardien, en théorie, de la Constitution, en est réduit à jongler avec ce texte dans un débat qui tourne au ridicule.
Je refuse pour ma part, comme beaucoup de mes collègues présents sur ces bancs, d’être un acteur de cette mascarade qui ne grandit pas le Parlement.