…nous avons vu apparaître, d’une manière subliminale qu’il est inutile d’expliciter ici, un bloc associant glissement sécuritaire et obsession sécuritaire d’une part et, d’autre part, un corps étranger supposé, constitué de citoyens pourtant Français, et l’annonce d’une surenchère pénale qui fera l’objet d’autres discussions ici, à l’Assemblée nationale.
Cela m’inquiète car, au-delà de tout ce qui a été dit sur la signification et la symbolique d’une telle disposition et sur la blessure déjà infligée à des millions de nos compatriotes résidant ici ou à l’étranger, et quelles que soient les contorsions juridiques utilisées de semaine en semaine pour trouver une nouvelle formule, il s’agit désormais de passer à autre chose. Essayons de tourner la page d’un débat qui cristallise beaucoup de passions, qui hystérise parfois et, ici comme sur l’agora, la place publique, crispe souvent nos discussions autour de l’identité nationale.
C’est une discussion bien fâcheuse et nous sommes nombreux à l’avoir dit – vous aussi, monsieur le Premier ministre, en votre temps –, car elle fige la société. Or, notre société n’a pas besoin de se crisper sur la définition de l’identité nationale, mais bien plutôt de se concentrer sur son projet national, sur la France d’après, sur ce qui nous rassemble et nous réunit, citoyennes et citoyens, d’où que nous venions, Français depuis Clovis ou depuis une génération.
La sagesse commande donc que nous n’allions pas plus loin et que nous nous en remettions à la raison, laissant à la loi ce qu’il est inutile de graver aujourd’hui dans le marbre d’une Constitution qu’il est, comme vous le constatez, bien difficile de changer.