Le développement durable est un secteur dans lequel des biens d'équipements sont amortis sur des durées de vingt à soixante ans. Ceci est une raison qui explique la difficulté d'y engager des crédits Les besoins de financement sont, en effet, à très long terme. Plus de la moitié des premiers projets financés en France par le plan Juncker touchent à des infrastructures de production ou de gestion d'électricité, d'énergie ou de développement durable. La caractéristique de ces financements n'est pas tant qu'ils offrent des taux d'intérêt faibles que celle de constituer des outils de très long terme. Intuitivement, on pourrait penser qu'il existait un stock de projets attendant des financements patients et aux conditions du marché en termes de rémunération des capitaux. Quand la brèche s'est ouverte, les projets de développement durable s'y sont engouffrés. Les autres projets dont les temps de retour étaient beaucoup plus courts, par exemple dans des secteurs tels que l'informatique où les cycles et les durées d'amortissement sont plutôt de l'ordre de trois à dix ans, ont trouvé que les crédits bancaires à maturité de sept ans étaient largement suffisants pour se financer.
Il y a clairement une atypicité du développement durable en termes de financement. Ce sont des objets qui s'amortissent sur de très longues durées avec des intensités capitalistiques très lourdes et des conséquences sur les finances des entreprises qui peuvent s'avérer également très lourdes si les choix ont été mal évalués ou malheureux. Pour donner un seul exemple, tous ceux qui ont investi dans des unités de production de gaz en Europe, tels Engie ou Eon, ont subi des pertes de 21 ou 22 milliards d'euros, en chiffres consolidés.