Intervention de Yann le Moal

Réunion du 3 février 2016 à 11h30
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Yann le Moal, porte-parole de l'association Diéséliste de France et directeur de la société NED :

Comment choisir sa motorisation lors de l'achat de son véhicule ?

À l'heure actuelle, le choix du véhicule devrait répondre exclusivement à des considérations économiques. Rouler en Twingo diesel pour faire cinq kilomètres par jour est une aberration ! Le développement aberrant du diesel en France depuis les années 1970 doit impérativement laisser place à une mixité dans le choix des véhicules et de carburants. Ainsi, selon que l'on est citadin ou extra-urbain, il convient de choisir le véhicule correspondant le mieux à son utilisation, c'est-à-dire en fonction du nombre de kilomètres parcourus par an. Au-dessus de 20 000 kilomètres par an, le diesel est incontestablement le plus adapté – nous allons expliquer pourquoi –, alors qu'un petit véhicule essence ou électrique sera plus intéressant pour moins de 10 000 kilomètres par an.

Le terme « véhicule hybride » est vague. On distingue trois sortes d'hybrides.

Les premiers, à gauche sur l'image, sont équipés d'un moteur essence ou diesel et d'un moteur électrique utilisé uniquement dans les phases de démarrage et d'accélération. Cette solution a permis de diminuer les émissions de CO2 sur la base des normes d'homologation en vigueur.

Nouvelle génération de véhicules hybrides, les hybrides connectés sont équipés d'une batterie plus importante : le moteur électrique est utilisé sur une phase plus longue et l'autonomie électrique varie de 25 à 80 kilomètres suivant les constructeurs.

Un autre type de véhicule hybride est équipé d'un moteur électrique utilisé 100 % du temps et d'un moteur thermique installé dans le coffre et qui sert uniquement, à recharger la grosse batterie, ce qui permet une autonomie électrique de 130 à 300 kilomètres.

Le véhicule 100 % électrique quant à lui, permet, sur la base de l'offre actuelle, une autonomie réelle de 130 ou 150 kilomètres – à part ceux d'un constructeur américain, mais ses véhicules ne sont pas à la portée de tout le monde.

L'hydrogène comme un futur carburant ?

Toyota commence à vendre des véhicules à hydrogène en Europe. Le « moteur à hydrogène », est en fait un moteur électrique alimenté par une pile à combustible qui utilise de l'hydrogène. En associant l'hydrogène et l'oxygène, la pile à combustible crée un courant électrique et rejette de la vapeur d'eau sans aucunes émissions polluantes. Or le développement de la pile à combustible reste coûteux ; et surtout, isoler l'hydrogène reste un procédé polluant et très énergivore. A l'heure actuelle, les infrastructures ne sont pas forcément adaptées, si bien que cette énergie devrait être développée de façon cohérente pour une utilisation dans quinze à vingt ans.

Comme l'analyse Toyota sur le graphique de droite, l'hydrogène ne présentera un intérêt que pour les véhicules lourds – bus, camions. Ainsi, l'hydrogène n'est pas la solution de demain pour tous les types de véhicules, et certainement pas pour les véhicules urbains petits rouleurs.

Actuellement, Mme la ministre de l'environnement propose une prime de conversion avantageuse pour l'achat d'un véhicule électrique en remplacement d'un vieux diesel. Pour notre part, nous pensons que cela serait trop réducteur. Pourquoi ?

Prenons le cas d'un particulier qui fait environ 30 000 kilomètres par an et qui souhaite remplacer son véhicule diesel polluant du début des années 2000 par un véhicule plus propre. Actuellement, l'État ne l'incite que pour acheter un véhicule électrique. Or l'offre actuelle en véhicules électriques sur le marché ne permet pas de rouler 30 000 kilomètres par an. Nous pensons donc que la prime de conversion devrait être proposée, non seulement aux véhicules électriques à usage urbain, mais aussi aux véhicules diesel ou essence propres – respectant les dernières normes –, neufs ou d'occasion. En effet, tout le monde n'a pas les moyens d'acheter un véhicule neuf, d'une part, et un véhicule Euro 5 de trois ou quatre ans est fortement dépollué en diesel comme en essence, d'autre part, ce qui le fait contribuer à la dépollution du parc global, ainsi qu'à l'éradication des anciens véhicules du début des années 2000, voire ceux d'avant, de notre parc automobiles.

Désormais, les véhicules diesel les plus polluants – Euro 1 et Euro 2 – sont minoritaires dans notre parc. Sur les véhicules moins polluants, Euro 3 et Euro 4, qui représentent 53 % du parc, nous allons vous faire une proposition.

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