« Manier des couleurs et des lignes, n'est-ce pas une vraie diplomatie ? Car la vraie difficulté, c'est justement d'accorder tout cela » écrivait Raoul Dufy. Monsieur le ministre, vous avez réussi le tour de force d'accorder 195 pays, maintenant signataires de l'Accord de Paris. Il y avait la couleur de l'urgence, celle des changements climatiques, devenus incontestables, et dont les effets frappent déjà des territoires et des populations. Quant aux lignes, vous les avez fait bouger : pendant plus d'un an, vous avez déployé la puissance diplomatique de la France, ne ménageant ni vos efforts, ni votre énergie, avalant les kilomètres, rétrécissant les nuits de sommeil et tirant les enseignements des échecs passés, identifiant les freins, les obstacles et construisant les leviers nécessaires pour aboutir à cet accord historique.
Comme un peintre impressionniste, vous avez agi par petites touches pour faire apparaître aux yeux de tous un tableau qui non seulement corresponde à nos attentes, mais soit surtout à la hauteur des enjeux. Cet accord, vous l'avez rappelé, est universel, ambitieux, différencié, contraignant et dynamique.
Pouvez-vous nous dire ce qui, au cours de la COP21, a permis le basculement vers un accord ? Nous connaissons bien la dramaturgie qui entoure ces grands rendez-vous internationaux. Qu'est-ce qui a permis d'entraîner tous les pays de la planète, et de contourner les plus grandes réticences ?
Quant à l'avenir, l'agenda que vous avez décrit est bien fourni. De nouveaux grands rendez-vous succéderont à la conférence de Paris : la COP21 était un tournant historique, mais ce n'était pas un aboutissement. Concrètement, l'engagement des États pourrait-il être remis en cause ? Vous avez rappelé le rôle déterminant des collectivités territoriales et des entreprises, et le caractère innovant de leurs démarches lors de la COP21. Le rôle des opinions publiques est également essentiel : face aux conséquences du dérèglement climatique, les populations ne vont-elles pas faire utilement pression sur leurs gouvernements ? Je pense notamment à la question de la pollution de l'air dans les grandes aires urbaines.
À vos quatre P, monsieur le ministre, on pourrait en ajouter un cinquième : le P de « paix » car, vous l'avez bien montré, le lien est étroit entre les enjeux climatiques et les enjeux géopolitiques. Ne pourrions-nous pas nous inspirer de la méthode mise en oeuvre lors de la COP21 pour régler d'autres problèmes diplomatiques de par le monde ?