Il a beaucoup été question ce matin de la rivalité entre le coût du travail et celui du capital. Or, la rémunération du capital intervient après les marges de financement de l'entreprise et ce n'est pas un hasard si elle est la plus faible d'Europe. Il nous faut donc nous interroger sur l'investissement, sur la pérennisation des emplois en place et sur la création de nouveaux emplois permettant aux entreprises de continuer à se développer. Bon nombre des économistes que nous avons auditionnés ont, je le rappelle, souligné la stabilité du partage de la valeur ajoutée au cours des dernières années.
La rigidité du marché du travail est présentée par la Commission européenne et par les économistes que nous avons entendus comme une singularité française. Les accords négociés la semaine dernière amélioreront-ils cette situation, sachant qu'il est souvent reproché aux centrales syndicales d'avoir plutôt tendance à défendre l'emploi en place qu'à faciliter la création d'emplois, ce qui est pour de nombreux économistes l'une des raisons expliquant la progression constante du socle du chômage ?
Lors du débat sur le CICE qui a eu lieu en commission des finances, le ministre a indiqué que la définition des conditions d'application de ce dispositif ne relevait pas, à ce stade, des parlementaires, mais des partenaires sociaux et que les principes issus des échanges entre ces derniers seraient repris lors de la transposition législative – avant l'été – des accords qui viennent d'être négociés. Pour certains, l'essentiel du CICE doit être consacré à la sécurisation et à la pérennisation des emplois, ainsi qu'à la formation, tandis que, pour d'autres, la priorité doit être donnée à la recherche – autant d'éléments qui, du reste, favorisent le capital, humain ou physique. Quelle lecture vont-elles faire de ces questions les différentes organisations syndicales ?