N'étant pas mandaté pour répondre à toutes les questions posées, je vous invite à nous adresser la liste de toutes celles auxquelles vous souhaitez recevoir une réponse.
D'une manière générale, la problématique de la baisse des coûts salariaux est une impasse, comme le montre l'expérience des trente dernières années, où tout a été fait pour réduire le coût du travail, au point qu'on en vient à dire qu'il faudrait réduire les salaires. N'y a-t-il pas d'autres facteurs que le coût du travail ? Les statistiques prouvent que le coût du capital est un vrai problème et l'un des enjeux de la question du financement est de savoir comment réduire ce coût.
Alors que les banques disposent de liquidités importantes, le financement des PME se heurte à des obstacles. Il faut donc chercher à réduire le coût du financement de l'activité, de l'emploi et de l'investissement productif au moyen du système bancaire. Des expériences sont menées dans certaines régions, avec des financements communs de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de banques françaises permettant d'accorder des crédits bonifiés. De fait, lorsqu'il y a des garanties, les banques préfèrent accorder des crédits pour l'investissement plutôt que de placer l'argent à taux zéro. On peut donc réduire le coût du financement avec une meilleure organisation et une meilleure mobilisation du système bancaire.
J'en viens à quelques remarques sur les points qui ont été abordés ce matin.
Pour ce qui est tout d'abord du rôle des organisations syndicales dans le cadre européen, le vrai problème est de savoir comment traduire dans les décisions politiques la mobilisation des acteurs syndicaux. De fait, alors que, pour la première fois, la quasi-totalité des organisations adhérentes à la Confédération européenne des syndicats, hostiles aux politiques d'austérité, se sont mobilisées contre un traité européen, cette mobilisation n'a pas eu de traduction concrète dans les politiques publiques.
Quant à savoir comment combiner les préoccupations à long terme et les contraintes à court terme, il faut savoir quels droits doivent être accordés aux salariés pour leur permettre d'agir sur les choix stratégiques de l'entreprise. De ce point de vue, le projet d'accord nous semble très en deçà de ce qu'il faudrait faire. De fait, les salariés pourront avoir deux représentants au conseil d'administration des entreprises de plus de 500 salariés, mais celles-ci ne sont qu'au nombre de 229. En outre, deux administrateurs ne suffisent pas pour peser sur les choix stratégiques de l'entreprise.
En troisième lieu, la CGT considère qu'il faut créer un pôle financier public, dont la BPI peut être un élément, mais l'enjeu est beaucoup plus large que les quelque 40 milliards d'euros que mobilise cette dernière. En outre, les critères d'intervention de celle-ci ne sont pas fondamentalement modifiés par rapport à ce qui existe déjà. Enfin, les salariés doivent avoir leur mot à dire dans les orientations de ce pôle financier public.
En quatrième lieu, les réflexions menées sur le SMIC dans le cadre de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC) suggèrent qu'il ne faut pas affaiblir ce dispositif, mais plutôt l'améliorer.
Enfin, nous avons besoin d'une vision stratégique de long terme, qui doit être construite de façon plurielle – tel est l'objet de la conférence sociale organisée l'année dernière. En outre, la proposition formulée par le CESE d'organiser tous les cinq ans, à mi-parcours des échéances électorales, des conférences prospectives me semble pertinente. Ces conférences permettraient à l'ensemble des acteurs de s'entendre sur un nombre limité d'objectifs, comme le montant des investissements ou le nombre des emplois, puis de prendre leurs responsabilités.