En premier lieu, j’insisterai sur la relation entre l’état d’urgence et la liberté. Très sincèrement, monsieur Mamère, lorsque, en tant que ministre de l’intérieur, je prends des mesures antiterroristes, je ne le fais pas pour remettre en cause ces libertés fondamentales, auxquelles je ne suis pas moins attaché que vous. Dans l’exercice de ma responsabilité, et précisément parce que je suis à la tête d’un ministère qui dispose, pour citer une expression bien connue, des moyens de la contrainte physique légitime, je souhaite qu’il soit fait un usage absolument proportionné de ces mesures, et qu’elles permettent de garantir la sécurité sans jamais remettre en cause la liberté.
Lorsque des terroristes s’en prennent à nos enfants qui sont aux terrasses de cafés, à des jeunes qui sont dans des salles de spectacle, en créant une terreur, un effroi qui les empêchent de continuer à vivre libres comme ils entendaient le faire, n’est-il pas du devoir de l’État de prendre toutes les mesures non pour enfreindre les libertés, mais pour permettre aux jeunes d’exercer les leurs tranquillement, sereinement ?
C’est par attachement à la liberté que nous prenons ces mesures. C’est parce que nous sommes soucieux qu’aucune d’elles ne remette en cause les libertés fondamentales que, lorsque nous avons décidé de prolonger l’état d’urgence en révisant la loi de 1955, nous avons retiré de ce texte toutes les mesures relatives à la liberté de la presse et de la liberté d’expression.
S’agissant des interdictions de manifestations, à vous entendre, on a l’impression que nous aurions profité de l’état d’urgence pour annihiler toute forme de liberté d’expression dans notre pays, ainsi que toute capacité de revendiquer. Nous avons prononcé une interdiction de manifester pendant la COP21, pour des raisons qui tenaient au fait qu’au lendemain des attentats, je ne pouvais pas, en responsabilité, mobiliser les forces à autre chose qu’à la protection des Français contre le risque terroriste. Mais dès lors que les conditions ont été réunies pour assurer l’ordre public, nous n’avons à aucun moment renoncé à laisser les manifestations se dérouler.
Je suis aussi attaché que vous à ce que, dans la France telle que nous l’aimons, on puisse manifester pour dire son opinion, pour exprimer ce à quoi on aspire, et à ce qu’on puisse le faire chaque jour à chaque instant, librement, conformément aux garanties prévues par les textes qui régissent notre pays. C’est pourquoi, lorsque des manifestants se sont engagés dans les rues de Paris pour dire leur hostilité à l’état d’urgence, je me suis fait un devoir de mobiliser les forces de l’ordre pour qu’ils puissent défiler en toute sécurité. Dans ma responsabilité de ministre de l’intérieur, je le ferai systématiquement, parce que j’ai la même passion que vous pour la liberté.
Le second point sur lequel je veux insister, c’est le sentiment de stigmatisation qu’éprouveraient, en gros, les musulmans de France, en raison des mesures prises par le Gouvernement.
Je vais être extrêmement clair : l’immense majorité, voire la quasi-unanimité des musulmans de France, qui vivent dans le respect des valeurs de la République, attendent du gouvernement français la plus grande fermeté à l’égard de la poignée de ceux qui dévoient leur religion, religion dont ils ne savent rien, dont ils ignorent tout du texte comme de l’esprit, pour engendrer la violence.
Le 17/02/2016 à 10:42, laïc a dit :
Les valeurs de la République, ce sont les lois de la République, la laïcité, et donc si les musulmans sont respectueux des valeurs de la République, ils ne vont pas demander à ce qu'il y ait un menu spécial islam dans les écoles de la République, au mépris du vivre ensemble sans distinction de religion, qui passe par le même repas partagé en commun en dehors de toute revendication religieuse.
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