Intervention de Véronique Besse

Séance en hémicycle du 16 février 2016 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Besse :

Et en cela, le départ de Mme Taubira, qui incarnait ce laxisme, est une bonne nouvelle. La dégradation ne date pas de ce quinquennat, mais elle est devenue consternante. La prolongation de l’état d’urgence devrait nous permettre de donner à la justice l’esprit et les moyens nécessaires pour faire son travail.

Depuis des années, les juges n’ont plus les moyens de faire appliquer les peines. Ce sont plus de 100 000 peines de prison ferme par an qui ne peuvent être appliquées, faute de place dans les prisons. Il y a en France un profond malaise vis-à-vis de la justice, en laquelle beaucoup de Français ne croient plus. Les Français se sentent abandonnés.

Ensuite, il faut mettre fin au laxisme politique Nos services de renseignement sont efficaces ; nos forces de l’ordre sont efficaces, on le sait. On l’a vu à la suite des attentats du 13 novembre, avec des centaines de perquisitions réalisées en quelques jours. Ils surveillent, informent, transmettent les faits et gestes d’individus dangereux. Ces services connaissent parfaitement où se trouvent les menaces. Mais ont-ils les moyens humains et matériels nécessaires pour reconquérir certains quartiers et démanteler les filières criminelles et terroristes ? Je ne le crois pas.

Mais plus encore que les moyens, ce qui manque, ce sont la volonté et surtout le courage politiques !

La deuxième condition, c’est d’avoir la maîtrise de nos frontières. Comment expliquer que certains djihadistes aient pu traverser l’Europe, des frontières de la Turquie jusqu’à Paris, sans qu’on leur demande le moindre papier ? L’Europe est une passoire et les accords de Schengen constituent aujourd’hui la meilleure protection des réseaux terroristes. Neuf mois après le premier sommet européen sur la crise migratoire, aucune solution viable et pérenne n’a été mise en place.

Alors oui, il y a bien état d’urgence pour la restauration de la sécurité à nos frontières Nous n’avons pas besoin de demi-mesures provisoires aussi inefficaces qu’inapplicables, mais d’une politique de maîtrise de nos frontières nationales.

Oui, il y a bien état d’urgence pour la mise en place d’une politique européenne qui tourne le dos à l’idéologie du tout laisser-faire et du tout laisser-passer !

La troisième condition est d’avoir une vision claire de nos priorités à l’international. Notre diplomatie a trop longtemps oscillé entre une politique extérieure alignée sur celle des États-Unis et une ligne de conduite jusqu’au-boutiste qui nous a amenés à nous isoler. Il faut désormais être efficaces.

Ne nous trompons pas d’ennemi ! La sécurité des Français est à ce prix. En Syrie, par exemple, d’où viennent des milliers de migrants, notre priorité est la lutte contre Daech. La France doit faire entendre sa voix. Nous nous sommes obstinés à soutenir des rebelles prétendument modérés et, de manière irresponsable, nous avons refusé de reconnaître nos alliés objectifs, qu’ils soient russes, syriens ou iraniens, qui luttent aussi contre Daech. Or, pendant que nous ne faisons pas de choix clair, l’État islamique étend ses réseaux en Europe, embrigade une partie de la jeunesse et propage la misère en Orient. Oui, il y a aussi état d’urgence pour la mise en oeuvre d’une politique diplomatique courageuse, à la hauteur de la générosité et de la grandeur de la France.

La quatrième condition est de retrouver un sentiment d’appartenance, qui repose sur notre identité nationale, et c’est certainement là le plus important. Être Français, ce n’est pas uniquement avoir une nationalité : c’est avoir envie de partager un destin commun. Pendant des années, la France a accueilli des populations de travailleurs venus des quatre coins du monde – une main-d’oeuvre bon marché – et leur a donné des papiers d’identité pour en faire de parfaits consommateurs ou de bons électeurs, mais elle a oublié d’en faire des Français, c’est-à-dire des hommes et des femmes membres d’une nation, qui aiment leur pays et qui ont la volonté de partager ce destin commun.

Que dire de plus lorsque les Français de coeur voient les Français de papiers agiter des drapeaux étrangers – algérien, marocain ou turc – lors des matchs de football, ou d’autres siffler la Marseillaise ?

La France doit cesser d’avoir honte d’elle-même, de son passé, de sa culture, de ses coutumes, de son orthographe, de ses paysages et de son mode de vie. Être Français, c’est assumer l’héritage de la nation française. Oui, il y a état d’urgence pour notre identité et notre singularité dans le concert des nations.

Mes chers collègues, il est urgent d’offrir aux jeunes Français une identité nationale forte, faute de quoi ils seront condamnés à aller chercher ailleurs un idéal de substitution. L’État doit savoir donner aux Français les moyens concrets d’aimer la France. Voilà le véritable état d’urgence.

Alors, oui, je voterai pour la prolongation de l’état d’urgence, car il y va de la sécurité des Français, qui est la première de nos libertés, en appelant avant tout de mes voeux un réel sursaut national.

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