Monsieur le ministre, le temps qui m’est imparti ne me permet pas de rivaliser avec vous sur le terrain des chiffres que vous vous énumérez sur un ton doucereux sans convaincre beaucoup de magistrats, d’avocats ou de défenseurs des droits de la pertinence du maintien d’un tel dispositif.
Je ne m’aventurerai donc pas sur ce terrain. Je voudrais simplement appeler votre attention sur le choix que nous avons à faire. Si, comme le dit le Premier ministre, la menace est permanente et que nous risquons de connaître prochainement de nouveaux attentats, alors vous avez deux solutions.
La première est d’assumer un état d’urgence permanent jusqu’à « la destruction de Daech », comme il le dit. La deuxième est de lever l’état d’urgence car si la survenue d’attentats est probable en dépit de l’état d’urgence, c’est bien que celui-ci n’est pas la solution.
Lever l’état d’urgence vous permettrait de rendre toute sa place au juge judiciaire, que vous avez court-circuité avec l’état d’urgence, d’employer nos policiers et nos gendarmes dans des dispositifs de filature et d’investigation sans doute bien plus efficaces que l’accroissement des effectifs de Vigipirate. Vous mettriez de l’ordre dans les dispositifs de renseignement, aujourd’hui éparpillés et mal coordonnés.
Enfin et surtout, monsieur le ministre, le gouvernement français s’honorerait en mettant fin à la destruction massive et désastreuse des emplois d’éducateurs de rue dans de nombreux départements, alors qu’ils sont aujourd’hui les premières sentinelles de la lutte contre la radicalisation, voire le basculement dans la violence.