Intervention de Gérard Sebaoun

Réunion du 4 février 2016 à 9h00
Mission d'information relative au paritarisme

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Sebaoun :

Effectivement, c'est bien parce que notre modèle est aujourd'hui en difficulté qu'on voit surgir de nouveaux modes de travail – moi, j'aime bien le mot de travailleur.

Je repars de ce que vous avez posé comme principes de base – la communauté et la relation décentralisée –, en gardant aussi à l'esprit le danger, que vous avez évoqué, de la création de monopoles totalement déments.

Bruno Teboul, que nous avons auditionné il n'y a pas très longtemps, nous a un peu alertés : le modèle classique de destruction créatrice qu'on nous vante encore à longueur de discours semble, à en croire certaines projections et certains modèles mathématiques, « avoir du plomb dans l'aile ». Pensez-vous donc que ce que vous observez est irréversible ou bien le salariat, modèle assez protecteur et plutôt intéressant, retrouvera-t-il sa place dans une économie en meilleure santé ?

Sur le fond, vous parlez d'émancipation ; pour ma part, je conteste ce mot, je préférerais parler d'autonomie, ou de pseudo-autonomie. Et si l'on en vient à parler du contrôle, parle-t-on d'auto-contrôle ou de contrôle de la communauté ? Et qu'en est-il de la socialisation ? Est-elle simplement différente, ou bien limitée ? Je reprends une idée de Jean-Marc Germain : quand on est contraint, on se retrouve à devoir travailler plus, tout seul, plus vite, plus longtemps. Et qu'en est-il de la distinction entre vie professionnelle et vie personnelle qui structure encore fortement notre quotidien, même si nos outils numériques tendent à l'abolir ?

Enfin, sur ces plateformes, je peux demain vendre directement mes propres produits. Imaginons que je fabrique des confitures. Qui certifiera leur qualité ? Qui déterminera qu'elles ne risquent pas de tuer la moitié du genre humain ?

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