Puis, tournant le dos à ses promesses de campagne puisque confronté à la triste réalité d’une économie mondialisée, il a commandé un rapport à Louis Gallois. Ce dernier préconisait une baisse des charges sociales ; François Hollande a préféré le complexe crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Ce CICE visait à reconstituer la marge brute des entreprises françaises pour leur permettre d’innover et de soutenir la recherche et le développement. C’était la condition pour créer de l’activité, de la croissance, et donc de l’emploi.
Puis est venu le pacte de responsabilité et de solidarité – 41 milliards qui incluent les 11 milliards du CICE – censé rendre d’une main aux entreprises ce qui leur avait été pris de l’autre, au début du quinquennat, via les prélèvements obligatoires. Souvenez-nous des réactions alors de ceux qui furent appelés les « frondeurs » : ils exigeaient la mise en place d’un observatoire des contreparties.
Manifestement, à la faveur du remaniement et à l’approche de 2017, les frondeurs sont revenus à la charge, puisque le Premier ministre reproche aujourd’hui aux entreprises de ne pas avoir assez embauché. Pour rappel, le pacte de responsabilité n’est à ce jour mis en oeuvre qu’à 50 % !
Pour rappel encore, les pays qui génèrent de l’investissement puis de l’emploi sont ceux qui ont su trouver le juste équilibre entre la fiscalité pesant sur le capital et celle pesant sur le travail. Ce sont aussi des pays qui ont réduit leur dépense publique, au profit du soutien à la compétitivité des entreprises. Ce n’est manifestement pas le cap que vous avez choisi.
Madame la ministre, vous avez un jour déclaré que la création nette d’emplois n’était envisageable que lorsque la croissance atteignait 1,5 %. Vous semblez acquise à l’idée de la nécessité de réformer le marché du travail pour lutter contre le chômage. Vous savez sans doute que les entreprises françaises n’en peuvent plus des charges, des taxes, des comptes de prévention de la pénibilité et autres contraintes qui pèsent sur leur activité. Ne croyez-vous pas que l’annonce du Premier ministre est un mauvais signal adressé aux entreprises françaises, et plus particulièrement à celles de l’industrie, qui ne jouent pas à armes égales avec leurs concurrents européens et mondiaux ?