Il est vrai, madame la ministre, que vous occupez une poste difficile, qui exige de la responsabilité, du courage. Vous ne pouvez pas vous contenter de commenter les chiffres du chômage – vos prédécesseurs s’y sont employés, et pas toujours habilement.
La France compte 6,5 millions de chômeurs, toutes catégories confondues : le chômage est un vrai fléau. Moi aussi, je reconnais que la situation était déjà difficile avant votre arrivée au pouvoir, mais il faut admettre qu’elle s’est aggravée depuis. La terrible phrase du Président de la République au sujet de l’« inversion de la courbe du chômage » reste dans tous les esprits.
Vous vous êtes contentés de demi-mesures. Arnaud Richard a fort justement insisté sur l’emploi industriel, et nous savons très bien à quel point la situation dans ce domaine s’est dégradée. Certes, vous avez créé le CICE et le pacte de responsabilité, mais en 2012, vous avez abandonné la TVA compétitivité ! Bien sûr, elle n’était pas encore appliquée, mais quand même, c’était une bêtise ! Même le Président de la République a eu des remords après sa suppression. Alors allez-y, maintenant, remettez-la en place, puisque vous reconnaissez vous-même que les accords de branche prévus n’ont pas été conclus, et que vous accusez les entreprises de ne pas respecter leurs engagements ! Il faut, d’urgence, revenir à la TVA compétitivité.
La solution, ce n’est pas la « boîte à outils », dont on ne parle d’ailleurs plus, ni le contrat de génération – lisez le rapport de la Cour des comptes sur le sujet, il est incendiaire. Ces contrats aidés, que nous avons utilisés et que vous utilisez encore plus largement, ne suffisent pas, et vous le savez très bien. Vous avez aussi prévu des plans de formation, toujours plus importants, plus nouveaux, mais qui connaissent de nombreux échecs.
À présent, madame la ministre, vous essayez de faire bouger les choses. Il faut y aller. Il faut oser. Le code du travail n’est pas intangible, et surtout pas les contrats de travail. Alors oui ou non, madame la ministre, ferez-vous évoluer les conditions du licenciement économique ? Il ne s’agit pas de mettre plus de gens à la porte, mais de faire en sorte que la condition des salariés soit moins précaire. Il n’y a jamais eu autant de contrats à durée déterminée dans notre pays que ces derniers mois !
Et oui ou non, dans l’objectif d’un allègement massif du coût du travail, puisque vous constatez que le pacte de responsabilité et le CICE ne sont pas assez performants, allez-vous revenir à la TVA compétitivité ?
Madame la ministre, nous sommes à un tournant. Vous ne pouvez pas vous cacher derrière votre petit doigt. Vous avez la volonté : allez-y, et je suis persuadé qu’ici, on vous aidera.