Intervention de Jacqueline Fraysse

Séance en hémicycle du 17 février 2016 à 21h30
Questions sur la politique de l'emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacqueline Fraysse :

Le service civique, créé en 2010, permet à tout jeune âgé de moins de 25 ans de s’engager pour une période de six à douze mois dans une association ou un établissement public, 24 heures par semaine au minimum et pour une rémunération mensuelle de 573 euros.

Ces missions de service public sont censées s’adresser prioritairement aux jeunes les plus éloignés de l’école, de la formation et de l’emploi, pour leur donner, je cite, « une expérience formatrice et valorisante » dans la collectivité. Elles ne sauraient donc se substituer à un stage et encore moins à un emploi : c’est là un point sur lequel nous devons rester très vigilants.

Au vu du nombre croissant de « décrocheurs », le Président de la République a affirmé sa volonté de voir entrer 350 000 jeunes dans le dispositif d’ici à 2018. À cette fin, le budget alloué au service civique sera porté de 300 millions d’euros aujourd’hui à 1 milliard dans trois ans, et son champ d’application sera étendu aux entreprises publiques ainsi que privées à but non lucratif. Ces deux dispositions nous paraissent intéressantes, à condition toutefois qu’elles servent véritablement les objectifs annoncés.

En effet, une étude récente de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire a souligné que le service civique bénéficie surtout, au rebours de ses objectifs initiaux, aux jeunes diplômés. Ainsi, en 2012, 42 % des jeunes en service civique se situaient entre le niveau bac et bac +2, et 17 % étaient détenteurs d’un diplôme allant de la licence au doctorat. En outre, à peine 10 % de ces jeunes diplômés déclarent s’être engagés avec une volonté d’implication citoyenne, le poids du chômage de masse les conduisant à recourir à ce dispositif faute de trouver un emploi.

Cette situation, non seulement accroît la précarité des jeunes diplômés, mais surtout détourne le service civique de ses véritables objectifs d’insertion sociale et professionnelle des jeunes les plus vulnérables. D’où ma question : quels moyens, madame la ministre, entendez-vous mettre en oeuvre pour lutter contre cette dérive ?

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