Intervention de Laurent Chiapello

Réunion du 2 février 2016 à 16h00
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Laurent Chiapello, directeur des rédactions d'Auto Plus, de L'Auto-Journal et de Sport Auto :

Les constructeurs sont contraints au plaisir, si je puis dire. Sinon, on ne vendra plus 1,8 million de voitures neuves en France chaque année ! Le consommateur achètera une voiture comme il achète un réfrigérateur, c'est-à-dire en choisissant l'objet qui offre le meilleur rapport qualité-prix, et il en changera le moins souvent possible. Or, c'est un achat irrationnel puisque les gens sont prêts à investir beaucoup d'argent dans l'achat d'un véhicule. Les constructeurs sont contraints d'entretenir le plaisir, de raconter de belles histoires au consommateur, de s'investir dans le sport automobile, etc., sinon ils disparaîtront.

Mais il y a un paradoxe. Aujourd'hui, on vend ce que l'on appelle des SUV, ces espèces de 4x4 civilisés dont on pourrait penser qu'elles consomment beaucoup, alors qu'en réalité elles consomment bien moins que les berlines traditionnelles qui étaient sur le marché il y a dix ou quinze ans. Le consommateur est pragmatique : comme le prix des carburants est bas actuellement, il circule davantage. Le basculement vers des énergies plus « vertes » ne pourra donc pas avoir lieu si le prix des carburants n'augmente pas de façon spectaculaire. Tant que le prix des carburants restera au niveau actuel, les gens continueront à rouler à l'essence ou au diesel. Du reste, Toyota a révisé à la baisse, il y a quelques semaines, ses prévisions de vente de la nouvelle Prius à cause de la baisse du cours du pétrole. Certes, le consommateur prend peu à peu conscience des problèmes de pollution, mais ce qui compte avant tout pour lui, c'est son portefeuille.

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