Intervention de Philippe Gosselin

Réunion du 16 février 2016 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

Je tenais à être présent à cette réunion de la Délégation car j'estime qu'il s'agit d'un sujet grave. De façon générale, notre pays n'a pas l'ambition qu'il devrait avoir en matière de prévention des suicides. Et en disant cela, je n'intente aucun procès au Gouvernement, ces questions dépassant les clivages politiques. En France, rappelons-le, le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes.

En lisant le rapport de Mme Chapdelaine, j'ai découvert des chiffres qui m'ont alarmé, ébahi. Je savais que le taux de suicide était important chez les Amérindiens mais je n'avais pas imaginé qu'il atteignait de telles proportions. C'est un premier intérêt du rapport que de mettre en avant ces éléments quantitatifs bruts, avant même d'aborder concrètement le problème humain.

J'emboîte le pas au président de la Délégation. Nous pouvons partager non seulement le diagnostic mais aussi – sous réserve d'un inventaire plus précis – l'essentiel des préconisations. Je n'ai pas le sentiment qu'elles impliquent de consacrer des sommes astronomiques, même si les distances et les difficultés d'accès, l'absence de raccordement à un réseau d'eau et d'électricité, sans même évoquer la couverture en 3 G ou 4 G, compliquent forcément les choses. Je ne néglige pas non plus l'importance du phénomène identitaire chez les quelque 10 000 Amérindiens de Guyane : la perte de repères entraîne des difficultés à savoir qui on est. Je prends aussi en compte les efforts entrepris dans le cadre du pacte d'avenir pour la Guyane.

La transformation du Conseil consultatif en conseil coutumier est une piste à creuser. En Nouvelle-Calédonie, il existe un Sénat coutumier. Autrement dit, la République a reconnu la place d'une civilisation, d'une culture, d'une langue particulières. Ce qui a été fait dans une collectivité d'outre-mer, certes dotée d'un statut spécifique, pourrait trouver sans difficultés majeures à s'appliquer en Guyane.

La fierté est un sentiment à ne pas négliger. Moi qui suis normand, je revendique d'être normand. Cela fait partie de ma culture, de mes racines. On peut être normand et français comme on peut être guyanais, amérindien et français.

Sur les langues autochtones, madame Berthelot, la révision de la Constitution en vue de l'intégration de la Charte des langues régionales n'est pas d'actualité. Toutefois, le cadre législatif actuel permet déjà de prendre en compte les langues régionales. Et je ne vois pas ce qui empêcherait très concrètement de mettre en valeur les langues amérindiennes.

Cet ensemble de propositions m'apparaît cohérent et mérite une attention partagée. Je tiens à remercier Marie-Anne Chapdelaine et Aline Archimbaud pour leur rapport, qui pourrait recevoir l'assentiment unanime de la Délégation, et qui est la preuve qu'un travail conjoint entre notre assemblée et le Sénat peut être productif.

Je terminerai pour exprimer à nouveau le regret que la prévention du suicide dans notre pays ne constitue pas une plus grande cause d'engagement collectif.

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