Intervention de Flavien Neuvy

Réunion du 10 février 2016 à 11h30
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire CETELEM de l'automobile :

En fait, la proportion de personnes testant réellement une voiture avant de l'acheter reste faible.

Pour ce qui est de la voiture autonome, je ne suis pas sûr que son développement nécessite la mise en place d'infrastructures supplémentaires, au contraire de la voiture électrique, qui peine justement à prendre son essor pour cette raison : si les automobilistes n'ont rien contre le fait de conduire une voiture électrique, comme nous avons pu le constater en mettant des voitures électriques à la disposition du public au cours d'une journée constituant un test grandeur nature – nous avions d'ailleurs eu du mal à obtenir ces véhicules, que les constructeurs étaient réticents à nous prêter –, la question de la recharge les préoccupe beaucoup. La gestion du temps libre à l'intérieur de l'habitacle de la voiture autonome est un vrai sujet de société si l'on se réfère au temps que l'on passe dans sa voiture ou dans les transports en commun pour se rendre au travail et en revenir dans les grandes villes, surtout à Paris : si, demain, ce temps pouvait être utilisé pour se reposer ou pour faire autre chose, ce serait une vraie révolution.

Je ne suis pas en mesure de vous dire dans combien de temps on verra des voitures autonomes sur nos routes. Ce qui est sûr, c'est que ce sera progressif : ce n'est pas du jour au lendemain que l'on pourra utiliser des voitures autonomes à 100 %. Si faire rouler une voiture autonome sur une autoroute n'est pas très compliqué, la faire évoluer dans les centres urbains, ce qui suppose qu'elle soit capable d'anticiper des comportements humains par nature imprévisibles, est impossible pour le moment : c'est le dernier palier avant que l'on puisse parler de voitures véritablement autonomes, mais il est extrêmement difficile à franchir. En fait, on peut penser que l'on commencera par lâcher le volant sur certains secteurs, et que ces secteurs s'étendront au fil du temps. Tous les constructeurs travaillent à la mise au point de ce qui sera, à n'en pas douter, la voiture du futur, mais je ne suis pas sûr que tous – je pense notamment aux constructeurs français – disposent des moyens financiers nécessaires à la fois pour se développer dans les pays émergents d'Asie et d'Afrique, pour trouver la motorisation qui va s'imposer demain, et pour mettre au point la voiture autonome. De ce point de vue, la course à la taille critique est un enjeu essentiel : il faut vendre énormément de voitures pour être en mesure d'amortir tous les investissements que je viens de citer.

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