Intervention de Delphine Batho

Réunion du 16 février 2016 à 21h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDelphine Batho :

Comme cela a été dit, on sent chez les agriculteurs et les éleveurs une grande désespérance, et aussi de la résignation. Étant donné la gravité de la situation, il me semble inopportun que l'on cherche à se renvoyer la responsabilité ou que l'on déclame des discours pré-rédigés qui auraient pu être prononcés il y a quelques mois ou plusieurs années. Loin d'aider, cela ne fait qu'ajouter au désespoir. L'urgence, pour les agriculteurs, c'est de rétablir leur trésorerie. Chacun donne acte au Gouvernement de ce qui est fait avec le fonds d'urgence, mais la situation actuelle durera et les problèmes de trésorerie à court terme ne sont pas réglés. Ainsi, dans mon département, les Deux-Sèvres, la moitié environ des 1 000 dossiers déposés ont été jugés éligibles, donnant lieu à une aide moyenne de 2 800 euros, qui ne compense évidemment pas la chute des prix. Il y a aussi, de la part de certaines personnes, une forme de cynisme à considérer que les transformations en cours sont telles que beaucoup ne tiendront pas, ce qui fera de la place pour ceux qui restent.

Les problèmes étant d'ordre structurel, nous devons être tous unis dans la bataille engagée par la France au niveau européen. Le commissaire européen à l'agriculture et au développement rural, M. Phil Hogan, a commis une faute en refusant, en septembre dernier, la demande faite par la France d'un relèvement du prix d'intervention pour le lait. Peut-être la remise en place d'outils de régulation est-elle compliquée, mais elle doit avoir lieu car l'urgence est absolue.

Vous n'avez rien dit du rôle des banques, monsieur le ministre. Je crois comprendre qu'elles jouent plutôt le jeu mais ne faut-il pas faire beaucoup plus en matière de désendettement ? Le dispositif dit de « l'année blanche » – qui permet de ne pas avoir à rembourser les prêts bancaires éligibles durant douze mois – est peu utilisé, les prêts de consolidation étant dans certains cas plus avantageux.

Enfin, il faut veiller à ne pas faire de l'agroécologie un bouc émissaire, tout en appelant à s'inspirer de l'exemple italien. Dans les Deux-Sèvres, je constate que les filières d'excellence, qui ont pour débouchés des circuits courts, souffrent moins que d'autres.

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