Jamais on n'a vu une crise comme celle à laquelle nos territoires sont confrontés et, s'ils ont à coeur de rester dignes, les agriculteurs sont vraiment au bout du rouleau. Les produits alimentaires d'origine agricole ne seront jamais une marchandise comme les autres, et nous avons besoin d'une régulation en la matière. Le libéralisme qui a été mis en oeuvre par la droite comme par la gauche – malheureusement – n'est pas une solution, et nous devons aujourd'hui réinventer des outils de régulation à l'échelle européenne. Pour que l'argent public ne disparaisse pas comme de l'eau versée sur le sable, il faut non seulement des régulations nouvelles, mais aussi revoir le marché du foncier et le marché des biens alimentaires à l'échelle européenne et mondiale. Dans cette optique, je vous fais deux suggestions, monsieur le ministre.
Premièrement, il faut se demander ce que l'on peut faire de plus dans le cadre du plan protéines végétales, car il n'est pas admissible qu'un changement de cours à l'autre bout du monde, provoqué par un événement climatique au Brésil ou en Afrique, affecte ce qui représente jusqu'à un tiers de l'alimentation animale – voire la moitié quand il s'agit de viandes blanches. Nous pourrions produire ces protéines sur notre territoire, et en profiter pour faire de l'agroécologie en diversifiant nos rotations.
Deuxièmement, nous devons nous intéresser davantage à l'agriculture de groupe. Aujourd'hui, une grande partie de la trésorerie dégagée grâce à la mesure de suramortissement, qui permet aux agriculteurs d'amortir les biens à hauteur de 140 % de leur valeur, part chez les marchands de matériels agricoles. Afin que cet argent revienne dans les exploitations, où il serait mieux placé, ne pourrait-on pas concevoir un mécanisme différenciant les exploitants qui investissent ensemble pour économiser les charges en produits phytosanitaires, mais aussi en matériel agricole ?