Je remercie M. Philippe Plisson d'avoir indiqué qu'il avait entendu le même discours pas moins de trois fois depuis qu'il est député. Effectivement, le problème n'est pas nouveau !
À qui profite le crime ? C'est une excellente question, madame Viviane Le Dissez. Car au-delà de l'orpaillage illégal, que se passe-t-il vraiment en Guyane ? Comment fonctionnent les orpailleurs légaux ? Jusqu'où a-t-on intérêt à ce pillage des ressources ?
Je remercie la représentation nationale d'avoir proposé à plusieurs reprises que toutes les richesses de Guyane reviennent à la population guyanaise. Nos ressources économiques ne sont pas très importantes ; cette manne serait la bienvenue, car la Guyane a besoin de se développer.
Je porte la parole d'un groupe assez important ; je bous de vous donner mon avis sur l'orpaillage légal mais je ne m'y autoriserai pas, car cela pourrait être source de dissensions entre ceux que je représente.
Plusieurs d'entre vous ont souligné l'intérêt de la traçabilité de l'or. Il s'agit d'une piste intéressante, encore qu'elle ne soit ni simple ni peu coûteuse ; encore faut-il que les orpailleurs légaux acceptent d'y participer, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il faudra certainement l'imposer, ce qui n'ira pas sans créer de difficultés. Mais si on y parvient, on aura un bon moyen de savoir d'où vient l'or, de sites légaux ou de sites illégaux.
Il faut 1,2 kilogramme de mercure pour traiter un kilo d'or. La France a ratifié la convention de Minamata en 2013. Comment se fait-il qu'autant de mercure entre encore en Guyane ? Le contrôle et l'arrestation des ravitailleurs sont un très bon moyen de mettre la pression sur les garimpeiros, puisqu'ils ne peuvent pas extraire s'ils ne sont pas approvisionnés en mercure. Il serait donc très intéressant de savoir d'où vient le mercure et pourquoi il est toujours utilisé malgré la convention interdisant son exploitation et sa commercialisation.
La mise en oeuvre de l'accord de coopération transfrontalière signé en 2013 avec le Brésil a pris du temps. Selon la préfecture et les forces armées, la coopération commence à prendre une tournure intéressante, notamment sur l'Oyapock. Il est très important de travailler fortement à la coopération avec le Suriname, pays dont la stabilité politique est toute relative. Il faut aussi travailler avec les populations autochtones, Amérindiens et Bushinengués, qui ont du poids sur le problème de l'exploitation alluvionnaire. M. Boussoussa m'a expliqué hier qu'un Capitaine de village Aluku et un Capitaine de village Djuka peuvent tout à fait se rencontrer et demander aux orpailleurs d'arrêter leur activité sur leur territoire et d'aller ailleurs. L'implication des communautés autochtones est un levier intéressant, d'autant que cette reconnaissance sociale serait pour eux un grand progrès, et leur ferait très plaisir.