Intervention de Général Charles Beaudouin

Réunion du 17 février 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Charles Beaudouin, directeur de la section technique de l'armée de terre (STAT :

Merci pour ces questions qui sont au coeur de nos préoccupations. Commençons par l'organisation entre la STAT et la DGA. Je vais essayer de vous simplifier le schéma, en essayant de vous montrer que tout est coordonné. Tout d'abord, les armées écrivent le besoin opérationnel. L'acte de naissance d'un programme d'armement, c'est une fiche d'expression de besoin militaire, la fiche de caractéristiques militaires. S'il s'agit d'un grand programme, cette fiche sera précédée d'études préalables permettant une levée de risques en amont. Mes trente-six officiers de programme rédigent les expressions de besoin au profit de l'EMAT qui les vise et les transmet ensuite à l'état-major des armées, le seul à pouvoir les valider puisqu'il pilote le programme 146 « Équipement des forces » avec la DGA.

À partir de cette expression de besoin militaire, la DGA va rédiger une spécification technique des besoins (STB) à partir de données de terrain que je lui transmets : pouvoir détecter un char à 1 500 mètres, par exemple. La STB consiste donc pour la DGA à traduire un besoin militaire en performances précises auxquelles devra répondre l'industriel. Première pierre d'achoppement possible : la traduction de la DGA ne correspond pas au besoin militaire. C'est pourquoi nous rédigeons un document justificatif des exigences (DJE), cosigné par l'officier de programme et le directeur de programme, qui précise le besoin militaire et la traduction que la DGA en fait, pour vérifier si nous sommes ou non d'accord. S'il y a un écart, il peut être accepté ou non. S'il n'est pas accepté, on recommence le trajet.

Pour qu'un programme réussisse, il faut donc, en premier lieu, une parfaite connivence entre la DGA et les armées. Deuxième point important : la STB sera incluse dans un cahier des clauses techniques particulières (CCTP). Cette traduction en termes de performance du besoin militaire va être annexée au contrat avec l'industriel qui fera des propositions techniques. Les équipes d'essai de la DGA et mes évaluateurs vont alors entrer en jeu. Ils vont prendre en compte les prototypes et les essayer. La DGA va vérifier que ce prototype répond à sa propre spécification. Si l'essai est bon, il aboutit à la qualification. La DGA libère l'argent et l'industriel se lance dans la production en série. Parallèlement, mes équipes font des évaluations qui consistent à prendre le prototype et à vérifier sa conformité à la fiche de caractéristiques militaires. Ce sont des militaires – et non pas des essayeurs de la DGA – qui vont mettre le prototype ou le produit de série en situation réelle, pour le pousser dans ses retranchements au niveau du besoin militaire. Si l'essai est concluant, je vais proposer d'adopter le matériel, c'est-à-dire donner le feu vert au CEMAT pour la livraison en régiment.

Vous voyez que la DGA et la STAT ne se quittent pas. Il n'y a pas d'effet de tunnel entre nous. Quand je commence à écrire l'expression du besoin militaire, la DGA commence à rédiger la STB. Nous travaillons de concert. Dès qu'il a un début de prototype industriel, voire de simples études papier, la DGA et la STAT interviennent pour éviter que l'industriel ne fournisse à terminaison un système ne répondant pas au besoin exprimé. Prenons l'exemple du Griffon et du Jaguar. Au stade des maquettes en bois et des conceptions assistées par ordinateur, nos équipes interviennent déjà auprès de l'industriel. Nous validons les choses très en amont pour raccourcir les délais.

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