Dans ce cas-là, on vérifie le contrat. Prenons un militaire du premier régiment d'infanterie de marine (1er RIMa) qui voit arriver un engin dont il n'est pas très content. On va vérifier si son grief est justifié. Ce sont nos forces et, en général, les soldats ne mentent pas. Quand ils disent quelque chose, il faut les écouter. Admettons que le problème constaté soit traçable et imputable à l'industriel qui n'a pas répondu aux exigences – il est étonnant qu'on ne l'ait pas vu avant car nos équipes évaluent entièrement le matériel. Dans ce cas, on va demander un changement.
Mais il peut arriver que l'utilisateur ne soit pas satisfait d'un matériel qui a été conçu et développé sur une dizaine d'années, ce qui est la norme pour les grands programmes. La fiche d'expression du besoin est ancienne ; le besoin et les opérations ont évolué. Quel point commun y a-t-il entre Pamir, Harmattan et Serval ? Le matériel utilisé, mais les trois opérations sont très différentes. Il se peut qu'un matériel soit livré en décalage par rapport aux opérations. Mais cela, c'est de notre fait. Notre devoir est donc de faire un additif à la fiche d'expression du besoin militaire pour demander à l'industriel d'adapter le matériel au dernier standard, et de prévoir le budget afférent. C'est le jeu normal mais il faut quand même y jouer le moins souvent possible.
Une question concernait les expérimentations de minidrones en zones humides et chaudes. Nous avons en effet envoyé une équipe en Guyane, pour participer à la protection du site de Kourou avec des drones. Notre équipe y a testé des minidrones et des nanodrones – des sortes de libellules de dix-huit grammes – qui ne correspondent pas vraiment à l'attente de ce théâtre d'intervention, notamment parce que la canopée complique la gestion de ces outils. Finalement, les équipes de protection du site auraient davantage besoin d'un Patroller : un drone qui peut rester en l'air pendant plusieurs heures et qui va scanner la remontée des fleuves, les zones d'intérêt particulier, la côte, etc. Aucun besoin n'a été clairement exprimé, mais nous intervenons de manière proactive pour savoir ce que nous pouvons faire au profit de nos camarades qui protègent un site majeur pour l'Europe. Nous allons donc faire le test.