Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 27 janvier 2016 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Il y a de quoi être inquiet, monsieur le ministre, à vous entendre énumérer la liste de théâtres d'opérations aussi dangereux que complexes où la France est impliquée d'une manière ou d'une autre.

Vous avez mentionné le rôle des milices confessionnelles en Syrie, sans cependant citer le Hezbollah. À l'heure où Hassan Rohani est à Paris, comment évaluez-vous le rôle de l'Iran et du Hezbollah dans le conflit syrien ?

J'espère que vous me pardonnerez ma franchise, monsieur le ministre, mais si votre réunion de sept ministres de la défense à Paris était sans doute très sympathique, on peut se demander où étaient donc les Arabes – à qui il reviendrait d'engager des troupes au sol – et les Russes : comment voulez-vous que nous aidions la Syrie à s'en sortir sans engager la discussion avec les Syriens et les Russes, et sans qu'ait lieu un début de dialogue entre les Saoudiens et les Iraniens ? À mon avis, la diplomatie française devrait s'employer à rapprocher ces parties.

Quand vous parlez de livraisons d'armes par la mer à destination de la Libye, de quoi s'agit-il exactement ?

Vous avez tout à fait raison quand vous évoquez la possibilité de déstabilisation des pays voisins de la Libye, en particulier de la Tunisie, avec tous les risques que cela implique de voir, sous peu, des volontaires tunisiens débarquer en France.

Au sujet de la bande sahélo-saharienne, vous avez qualifié de « gestes défensifs » les attentats commis à Bamako et Ouagadougou. Or, il s'agit tout de même d'attentats perpétrés au sein de capitales et faisant beaucoup de morts, ce qui rappelle les pires moments ayant précédé l'intervention française. Sans vouloir mettre en doute la valeur de Barkhane ni le courage de nos hommes, force est de constater que les capitales que nous sommes censés protéger se trouvent attaquées dans le contexte d'une désorganisation totale des autorités politiques et militaires locales. En l'absence des forces spéciales françaises, la situation tournerait vite au désastre, et je crains pour ma part un enlisement de la situation.

Je rends hommage à votre travail, dont la qualité est unanimement appréciée, mais je m'inquiète de voir que la liste des conflits où la France prend part est de plus en plus longue – je ne parle même pas de l'opération Sentinelle – et je me demande si, à un moment donné, il ne va pas falloir sérier les priorités.

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