Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 27 janvier 2016 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Il est logique que nous nous efforcions d'obtenir le maximum de renseignements sur ce qui se passe en Libye – ne pas le faire serait une faute –, et nous échangeons entre alliés les informations obtenues. Pour ce qui est de l'éventualité d'une intervention – régulièrement évoquée, en effet, par certains journaux –, elle n'est pas d'actualité. Un processus politique est en marche, et le fait qu'il n'ait pas abouti jusqu'à présent ne signifie pas qu'il est voué à l'échec : de ce point de vue, je fais confiance à M. Kobler. Au demeurant, j'espère que chacun va finir par prendre conscience du fait qu'en l'absence de solution politique, Daech en profitera pour remporter la victoire militaire ! Un accord a été conclu à Skhirat en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale, et le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité, fin décembre, une résolution soutenant cet accord – ce qui n'était jamais arrivé. Enfin, le premier ministre est reconnu par la communauté internationale, même si son gouvernement n'est pas encore validé. Les pays ayant intérêt à ce que la Libye se dote d'un gouvernement officiel – ils sont nombreux, je pense notamment à la Tunisie, l'Algérie, le Tchad, l'Égypte et la Turquie – doivent exercer toute l'influence dont ils disposent pour faire évoluer favorablement la situation.

À défaut d'accord politique, le pire est effectivement à craindre. Je rappelle que les frappes au Levant ont eu pour effet l'annonce par Daech d'une réduction de moitié de la solde attribuée à ses combattants. On peut penser qu'en quête de ressources financières, le mouvement va essayer de gagner le sud de la Libye pour accéder au pétrole. Par ailleurs, il est probable que Daech, qui contrôle actuellement 280 kilomètres de côtes, va se livrer à des trafics de toutes sortes – notamment humains, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent. Or, en l'absence d'un gouvernement libyen capable de lui donner une base légale, l'opération SOPHIA ne peut être mise en oeuvre avec efficacité : comme vous le voyez, tout est lié.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion