Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 27 janvier 2016 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Si la légitimité du général Haftar à la tête de l'armée libyenne est contestée – il est, en revanche, soutenu par l'Égypte –, M. Fayez el-Sarraj est, lui, parfaitement reconnu à son poste de premier ministre. Il devrait donc parvenir à former un gouvernement validé par le parlement de Tobrouk qui, je le précise, a repoussé une première fois celui que lui avait présenté M. Fayez el-Sarraj au motif qu'il était trop nombreux – une explication peu convaincante.

Si le gouvernement d'union nationale demande à la communauté nationale de l'aider à assurer la sécurité en Libye, nous devrons intervenir, mais ce sera à la demande des autorités libyennes dûment élues, et validées par les Nations unies. Intervenir ne signifie pas déployer des troupes au sol, mais aider le gouvernement officiel à s'installer en sécurité à Tripoli ; alors seulement, l'armée libyenne consolidée sera en mesure de combattre Daech et le trafic qu'elle a mis en place pour importer des armes.

Pour ce qui est du contrat Donas, je ne sais pas vraiment pourquoi son exécution s'est trouvée interrompue. Il semble, a priori, que ce soit pour vérifier que les matériels faisant l'objet du contrat soient bien livrés à l'armée libanaise, et non au Hezbollah. Quoi qu'il en soit, j'ai reçu l'assurance que les autorités saoudiennes vont faire en sorte que les livraisons reprennent – étant précisé qu'elles se feront selon un calendrier un peu plus étalé dans le temps. Je me suis rendu à Beyrouth au moment des premières livraisons, où j'ai pu constater que l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, ainsi que les autorités militaires libanaises, étaient parfaitement informés de l'évolution de la situation.

Pour répondre à M. Germain au sujet de Mossoul, je dirai que lorsqu'on regarde comment s'est faite la reconquête de Ramadi, on observe que cette victoire est à mettre au compte de forces irakiennes à dominante sunnite. Le premier ministre irakien, Haïder al-Abadi, a en effet le souci de constituer au sein de l'armée des unités d'origine chiite d'une part, sunnite d'autre part. Pour ce qui est de la bataille de Mossoul, il faudra veiller à provoquer de l'intérieur des mouvements d'empathie pour les « libérateurs » de l'armée irakienne. Il faudra aussi avoir préalablement affaibli la logistique de Daech. C'est pour susciter un élan mobilisateur que nous nous sommes collectivement fixé pour objectif de libérer Mossoul en 2016.

Pour ce qui est de la réunion des sept ministres de la défense qui s'est tenue la semaine dernière, c'était un peu plus qu'une bande d'amis se retrouvant au Café du Commerce, monsieur Lellouche…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion