Qu'il n'y ait pas de confusion entre nous : nous n'avons jamais dit qu'il ne fallait pas qu'il y ait une presse d'opinion ou que le pluralisme recherché devait s'exercer dans le cadre d'un seul journal. Il s'agit de défendre un pluralisme s'exprimant dans l'ensemble de la presse. En revanche, nous constatons que le monde a évolué : il y a trente ans, les patrons de presse ne s'intéressaient qu'aux journaux et au journalisme, alors qu'actuellement – et c'est leur droit le plus strict – ils sont souvent des capitaines de vaisseaux comptant des activités n'ayant rien à voir avec la presse. Il est légitime de s'interroger sur les pressions qui peuvent s'exercer sur un journaliste qui aurait fait un travail d'investigation sur un actionnaire possédant 30 % du capital du groupe ou sur un annonceur représentant 20 % des recettes publicitaires du journal. Les pressions sont d'un autre ordre que celles qui pouvaient s'exercer il y a vingt ou vingt-cinq ans et c'est une raison de plus pour dire à quel point cet article 1er est nécessaire.