Je voudrais parler de l'usage des pesticides dans l'agriculture. Cette inquiétude vient de se réveiller chez beaucoup de Français par la diffusion d'une enquête sur une chaîne de télévision publique française. Cette enquête détaille département par département, sur le territoire national, la carte des pesticides, herbicides et fongicides classés dangereux ou potentiellement dangereux. C'est une question sensible.
Il faut le dire, parce que beaucoup d'agriculteurs sont confrontés à une crise violente. D'une certaine façon, à l'impasse économique qui est la leur, vient s'ajouter une forme de soupçon, stigmatisante et mal vécue par la filière agricole. Mais la question est surtout sensible du fait de l'impact des pesticides sur la santé publique, sur la santé des agriculteurs eux-mêmes, mais aussi sur celle des riverains d'exploitations agricoles. Cela pose un réel conflit d'usage. La santé des consommateurs est aussi concernée, tandis qu'il faut également prendre en compte les conséquences sur l'environnement et sur la biodiversité, qui relèvent directement de votre responsabilité.
Des doutes s'expriment ainsi dans la population. Sur ce sujet, la pression sociétale est de plus en plus forte. Elle pèse sur les agriculteurs, dans leurs relations avec la société civile, qui s'organise. Ainsi, à l'initiative de plusieurs organisations environnementales, une marche blanche était organisée ce dimanche à Bordeaux pour alerter sur l'usage des pesticides dans l'agriculture et, en l'occurrence, dans la filière viticole. Il y a donc un impératif de transparence à respecter. L'Europe n'est pas inactive en matière de pesticides. Je pense à la réglementation de la PAC, notamment à la conditionnalité des aides, mais aussi au rôle de l'unité pesticides de l'Agence européenne de sécurité des aliments (European food security agency, EFSA) dans le domaine de la sécurité alimentaire.
Comment l'Europe peut-elle contribuer à renforcer la transparence sur l'usage des pesticides, sur leur impact en termes de santé publique et d'environnement, sachant qu'il y a, sur ce sujet, une attente forte tant de la société civile que du monde agricole ?