Intervention de Stéphane Mayer

Réunion du 2 mars 2016 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Stéphane Mayer, président-directeur général de Nexter Systems :

Concernant l'Arabie saoudite et le programme DONAS, je peux seulement vous dire que nous suivons l'affaire de très près. Compte tenu du nombre d'industriels français concernés, nous espérons que la suspension n'est que provisoire.

Pour ce qui est des chars Leclerc, je vous confirme que leur implication au Yémen a fortement impressionné les militaires de la région. L'éventualité de s'équiper en véhicules de fabrication française nécessiterait en effet la remise en route d'une chaîne de production, qui est possible, dans un schéma industriel toutefois différent de ce qu'il était.

Par ailleurs, je n'ai pas connaissance de goulets d'étranglement qui empêcheraient Nexter Systems d'honorer ses engagements à l'égard de la France et des Émirats arabes unis. Nous avons des contrats de rénovation avec la France pour 200 chars Leclerc ainsi que le contrat de maintien en condition opérationnelle ; pour les Émirats, nous fournissons des pièces de rechange. Il n'y a pas de problème de capacités.

Monsieur Meunier, si nous ne produisons plus de munitions de petit calibre pour les fusils d'assaut, nous continuons de produire d'autres types de munitions, dont la longue liste est beaucoup plus significative en valeur : obus de 20, 25, 30 et 40 millimètres qui équipent le Rafale, le Tigre, le VBCI, le Jaguar ; obus d'artillerie équipant les CAESAR ; canons correspondant à ces calibres. Nous sommes impliqués dans le programme Scorpion qui est en train de dessiner les perspectives pour l'équipement blindé de l'armée de terre pour les vingt-cinq prochaines années à travers le Griffon et le Jaguar. Nous sommes en particulier chargés de la conception et de l'intégration pour le Jaguar, véhicule de combat doté d'un canon franco-anglais de 40 millimètres et de missiles fabriqués par MBDA. Cela réclame des compétences de haut niveau, qui sont en France et qui y resteront.

Pour les exportations, il importe de distinguer le court terme du long terme. Aujourd'hui, ni la Hollande ni l'Allemagne n'imposent quoi que ce soit en matière d'exportation de matériels militaires fabriqués par Nexter dans ses usines françaises. Le seul décideur est la France. Dans vingt ans, si nous atteignons l'objectif d'un véhicule commun, fabriqué en partie en France et en partie en Allemagne, alors l'accord des deux pays sera exigé. C'est la raison pour laquelle l'une des conditions nécessaires au succès de cette alliance est la convergence des règles de contrôle à l'export. Nous avons quelques années devant nous car avant de pouvoir exporter un tel matériel, il faut au moins dix ans pour le concevoir. Il est certain que si une telle condition n'était pas remplie, nos matériels seraient sans doute moins compétitifs et plus coûteux.

L'investissement que nécessiterait la reprise de la production des munitions de petit calibre n'a pas fait l'objet d'évaluations de coût poussées. Les ingénieurs de Nexter parlent de dizaines de millions d'euros voire d'une centaine de millions. Si TDA a une solution consistant à rapatrier une chaîne existante, cela me semblerait plus économique. Nous pourrons toujours lancer une étude plus détaillée si un client nous fait une demande en ce sens.

Quant à l'Inde, il y a deux contrats en jeu. Pour celui qui porte sur 1 400 canons de 155 millimètres tractés, nous venons de remettre notre dernière offre le 15 février. Nos interlocuteurs indiens nous disent que la sélection entre les deux candidats en lice devrait avoir lieu à la fin de l'année pour entrer dans la phase de négociation exclusive d'un contrat. Le contrat relatif aux CAESAR implique, lui, une remise d'offre à l'horizon 2018. L'expérience montre qu'en Inde, il faut être très patient en règle générale, dans le domaine de la défense plus particulièrement, et que les reports ne sont pas rares.

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