« Qui pourra croire que le pluralisme est respecté ? Je veux dire ici combien nous sommes inquiets, consternés par cette nomination. » Ces propos n'expriment pas l'opinion du groupe UMP, ce matin, dans cette Commission, sur l'éventualité de la nomination de M. Olivier Schrameck à la tête du CSA. Ils datent de 2007 et ont été tenus par M. François Hollande, alors premier secrétaire du parti socialiste, lors de la nomination par M. Jacques Chirac de M. Michel Boyon à la tête du CSA.
« Il s'agit d'une domination politique gravissime. Je dénonce la prise en main totale, un contrôle absolu du fonctionnement des médias par la droite au pouvoir. Il faut alerter nos concitoyens pour qu'ils sachent comment le pouvoir entend conduire cette présidentielle sans laisser de place à une expression pluraliste. » Cette autre citation est de Mme Anne Hidalgo, à l'époque secrétaire nationale du parti socialiste, chargée de la culture.
Monsieur Schrameck, le groupe UMP ne s'exprime pas en ces termes à votre encontre dans l'éventualité de votre nomination à la tête du CSA par M. François Hollande qui n'est plus aujourd'hui le premier secrétaire du parti socialiste mais Président de la République. Ce ne sont pas nos mots, parce notre conception de la République et des hauts fonctionnaires qui la servent est différente de celle qu'avaient exprimée de manière aussi violente et stigmatisante, en 2007, les responsables politiques aujourd'hui au gouvernement.
Le groupe UMP souligne vos qualités de haut fonctionnaire ayant exercé des fonctions éminentes au service de l'État, dans des fonctions très diverses. Nous avons entendu avec intérêt votre exposé sur la situation actuelle de l'audiovisuel et ses principaux enjeux, compte tenu de l'arrivée des nouveaux entrants et des nouvelles technologies. Nous partageons aussi, sur tous les bancs, la préoccupation du financement de la création, sans oublier la question des industries culturelles, qui recèlent des gisements d'emplois et influent sur l'image de notre pays. On ne saurait non plus exclure la dimension européenne et internationale des nouvelles problématiques audiovisuelles.
C'est pourquoi le groupe UMP souhaite, si vous êtes nommé à la tête du CSA, votre réussite dans vos nouvelles fonctions, dans le respect des principes que vous avez évoqués et que nous ne mettrons pas en cause de manière aussi excessive, et donc insignifiante, que d'autres, jadis.
Nous dénonçons en revanche le double langage et la duplicité. Je n'aurai pas la cruauté de rappeler ici la célèbre anaphore de M. François Hollande au cours de son débat avec M. Nicolas Sarkozy, tirade pendant laquelle le candidat à la présidence de la République s'était engagé sur le respect de l'indépendance dans les nominations. Ce décalage entre les paroles et les actes nous choque, mais nous l'avons déjà observé s'agissant de la baisse historique du budget de la culture, que le candidat François Hollande avait pourtant promis de sanctuariser.
Monsieur Schrameck, j'aimerais aussi savoir quel rapprochement vous entendez opérer entre l'ARCEP et le CSA, compte tenu des compétences respectives des deux instances.
Je soulignerai pour finir que c'est grâce au président Nicolas Sarkozy et à la précédente majorité que notre Commission est appelée à se prononcer aujourd'hui sur la nomination éventuelle de M. Schrameck. Il est d'autant moins inutile de le rappeler que, durant cinq ans, nous n'avons cessé d'entendre que le pouvoir visait à tout contrôler.
Le groupe UMP s'abstiendra lors du vote sur cette nomination.