Intervention de Grégory Reibenberg

Réunion du 15 février 2016 à 15h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Grégory Reibenberg, patron du restaurant la Belle équipe :

J'ai perdu le soir du 13 novembre, la mère de ma fille et douze proches dont certains travaillaient avec moi. Je m'étonne qu'il faille mettre en place une commission d'enquête pour en arriver à la conclusion que les victimes doivent pouvoir trouver en face d'elles des interlocuteurs compétents, mais cela s'explique sans doute par l'archaïsme de notre système administratif.

Pour le reste, j'ai un point de vue qui diffère de celui de Sophie Dias et ne pense pas qu'il faille installer des militaires dans chaque stade. Depuis le 13 novembre, j'essaie d'échapper au discours ambiant sur la peur en n'allumant plus la télévision.

Ce soir-là, j'ai eu affaire à des policiers qui m'ont demandé huit fois mes papiers sans me proposer un verre d'eau, j'ai attendu quarante minutes les pompiers, mais nous ne sommes ni à Tel-Aviv ni à Beyrouth, et je n'ai pas envie que nous investissions tout notre argent et toute notre énergie pour nous spécialiser dans ce genre de traumatismes. Tous ces morts, ces blessés, ces victimes indirectes, ces morts vivants à cause de sept individus, ce n'est pas censé se reproduire tous les jours. Et j'espère que cela sera très rare. La résilience, c'est personnel. Certes, on peut être aidé mais vous seul pouvez faire quelque chose pour vous. Je dois à la vérité de dire que les personnes de Paris Aide aux victimes que j'ai contactées fin décembre se sont montrées parfaitement prévenantes, disponibles et compétentes.

On n'empêchera jamais un assassin d'être un assassin, et l'on pourra déployer tous les policiers et tous les militaires que l'on veut, cela n'y changera rien. Il est très facile de tuer, et ce qui doit nous inquiéter, c'est le nombre d'individus lâchés dans la nature qui peuvent passer à l'acte demain. C'est contre cela que nous devons lutter. Or qu'a-t-on fait depuis le 7 janvier, à part mettre sur la table l'idée de la déchéance de nationalité, mesure symbolique à mon sens complètement inutile ? Est-il sérieux, quand on a un problème de moteur de se préoccuper de la couleur des sièges ? Je ne comprends pas.

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