fraternité et vérité ». Je suis rescapée du Bataclan, où je suis restée cachée pendant plus de deux heures avant d'être libérée par les équipes de la brigade de recherche et d'intervention (BRI) juste avant l'assaut de minuit dix, alors que les preneurs d'otages étaient encore dans les lieux. Comme beaucoup, il m'a fallu traverser cette fosse épouvantable où, deux heures auparavant, nous étions réunis pour assister à un concert de rock.
Notre association a pour but d'aider toutes les personnes concernées – proches de victimes et rescapées de l'ensemble des sites – à se repérer face à une multiplicité d'interlocuteurs, sachant que tous ne sont pas dans une situation sociale, psychologique ou physique leur permettant d'avoir accès à la bonne information et à une prise en charge médico-psychologique appropriée.
Pour ma part, je suis la preuve que les choses peuvent bien se passer : je figure sur les listes, je me suis rendue à l'École militaire au bon moment, j'ai été prise en charge correctement et contactée par le FGTI. Mais les choses ne sont pas aussi simples pour tout le monde.
Nous recevons notamment encore à l'association des primodemandeurs, c'est-à-dire des personnes ayant développé un complexe du survivant et que le fait de s'en être sorti indemne a incité à penser que tout allait bien et qu'elles n'étaient pas légitimes à demander de l'aide. Or les troubles peuvent apparaître avec retard, et c'est la raison pour laquelle nous demandons la pérennisation des cellules d'urgence. Il faut également songer au cas des étrangers, qui n'ont pas accès aux mêmes dispositifs dans leur pays de résidence et ne savent pas forcément qu'ils ont le droit à l'aide du Fonds de garantie.
C'est donc pour aider tous ces gens, ceux qui sont blessés à vie et ne pourront pas retrouver une vie normale, que je me suis engagée au sein de l'association, sachant qu'aider les autres fait également partie du processus de reconstruction des rescapés.
Une remarque enfin sur la façon dont vous avez éludé un peu rapidement, monsieur le président, les travaux de la commission d'enquête sur les filières djihadistes. J'ai lu son rapport, qui comportait un certain nombre de préconisations, notamment concernant la mise en place du PNR – Passenger Name Record – ou la collaboration entre services de renseignement et services de police. Savoir lesquelles de ces propositions ont été implémentées depuis le mois de juin et quel est l'état des lieux que l'on peut dresser aujourd'hui sont des questions sur lesquelles nous ne pouvons passer aussi rapidement.