J'étais présente au Bataclan le soir du 13 novembre 2015. Les forces de l'ordre ont accompli un travail remarquable, même si l'on peut déplorer le délai d'intervention pour donner l'assaut et évacuer la salle. Je tiens à féliciter les secours, qui ont montré leurs capacités à prendre en charge les victimes. Malheureusement, certains secouristes n'avaient pas reçu l'entraînement adéquat, et certaines erreurs auraient pu causer davantage de décès. Mon amie, évacuée de la salle à minuit et demi, a d'abord été placée au milieu des blessés légers car un secouriste pensait qu'elle n'avait qu'une éraflure. À trois heures du matin, à force de se plaindre de douleurs, elle a été transportée dans l'hôpital de campagne où un médecin a constaté qu'une balle était logée dans son poumon. Le manque de coordination entre les différents intervenants a entraîné la diffusion de consignes contradictoires et déstabilisantes pour les victimes. Il faudrait mettre en place un protocole de procédures à suivre pour chaque acteur. Il conviendrait également de réduire le plus possible le temps d'intervention, afin de sauver davantage de vies.
Une formation et un entraînement prévoyant des exercices de mise en situation réguliers apparaissent nécessaires. Il y a également lieu d'améliorer la communication entre les différents dispositifs déployés, afin de mieux orienter l'ensemble des victimes, y compris les blessés psychiques. On ne doit pas leur demander de rentrer chez eux parce que l'on ne peut rien pour leur cas. Il convient de prévoir les lieux d'accueil et de prise en charge pour gagner du temps. L'État doit élaborer un document unique consignant l'ensemble des démarches à effectuer après un attentat et le diffuser à grande échelle.
Les obstacles administratifs s'avèrent bien trop nombreux, alors que les victimes se trouvent en état de choc. Je me réjouis qu'un secrétariat d'État à l'aide aux victimes ait été instauré. J'espère que cette commission d'enquête répondra aux questions que nous nous posons : la sécurité est notre priorité, elle ne doit pas connaître de faille et traitée sérieusement. L'interrogation ne porte plus sur l'hypothèse d'une attaque, mais sur le moment et le lieu où elle aura lieu. L'organisation et la communication se révèlent essentielles au bon déroulement des interventions. Les débats sur les prises en charge des victimes permettront, en s'appuyant sur le vécu des sujets, de les améliorer. En cas de nouvelles attaques, nos compatriotes pourront cette fois-ci compter sur un service d'excellence. Les discussions de votre commission doivent aboutir à la simplification des démarches administratives et à la facilitation de l'accès aux soins à long terme. Trop d'obstacles nous ralentissent voire nous découragent aujourd'hui, ce qui est inadmissible après un tel drame. N'oublions pas que nous sommes des êtres humains : nous n'avons pas à nous adapter à la société, c'est à elle de le faire et de nous aider.