Intervention de Christophe Leroy

Réunion du 29 février 2016 à 18h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Christophe Leroy, chef du service « gestion des crises sanitaires » à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris :

L'identité des victimes a en effet probablement été demandée une première fois sur site – je n'étais pas sur site, mais à la cellule de crise – par les intervenants pré-hospitaliers et, une seconde fois, à l'arrivée à l'hôpital.

L'identitovigilance est une question très complexe à l'hôpital. Au quotidien, il arrive souvent que l'identité recueillie lors de la prise en charge pré-hospitalière par les SAMU ne soit pas vraiment consolidée, notamment lorsque le patient est inconscient. Or une erreur sur un prénom peut entraîner des conséquences très graves, en ce qui concerne la carte de groupe sanguin, les résultats d'analyses biologiques ou les antécédents figurant dans le dossier médical. C'est pourquoi nous faisons une première vérification en demandant une nouvelle fois leur identité aux patients communicants lorsqu'ils arrivent à l'hôpital. S'agissant des patients non communicants, nous sommes obligés de conserver une identité provisoire, qui est consolidée par la suite. Ainsi, après les attentats, un certain nombre d'identités sont restées provisoires dans notre application VICTIMES, qui concentre l'ensemble des informations relatives aux personnes prises en charge. Ces identités ont été consolidées au fil du temps, ce qui a parfois permis d'affiner la réponse que nous avons apportée aux familles.

Au téléphone, il est extrêmement délicat de communiquer des informations concernant un patient si nous ne sommes pas sûrs de l'orthographe de son nom, notamment s'il y a un risque d'homonymie. Car il est tout aussi dramatique de donner une mauvaise réponse que de dire que nous n'avons pas la réponse. Il y a donc un temps incompressible nécessaire à l'identitovigilance, ce qui a entraîné de l'attente pour les familles.

Grâce à l'application VICTIMES, conçue en 2007, nous avons pu récupérer auprès de nos établissements l'ensemble des données qui nous ont permis d'établir les listes de victimes très tôt dans la nuit. Au petit matin, la grande majorité des fiches d'identité étaient consolidées.

Il a été très compliqué pour nous de faire le travail supplémentaire demandé par la CIAV le lundi matin, car il a fallu que nous retournions dans les dossiers des victimes. Les blessés les plus légers étaient déjà sortis. Nous n'avions pas pour habitude de communiquer à des personnes tierces les numéros de téléphone des personnes de confiance et des personnes à contacter. Cela a été un gros travail pour les hôpitaux de les récupérer et de les envoyer à l'ARS à l'attention de la CIAV. Comme il n'existait pas d'autre système, les tableaux ont été réalisés au format Excel. Les intervenants successifs possédant des versions différentes de ce tableur, cela a été source de difficultés techniques pour la CIAV. Pour sa part, l'AP-HP a été en mesure de fournir en paquet l'ensemble des coordonnées et références des victimes prises en charge dans ses établissements.

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