Intervention de Martin Hirsch

Réunion du 29 février 2016 à 18h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris :

Le plan blanc, c'est un mode opératoire, un ensemble de procédures organisées, qui concerne plusieurs aspects.

Premièrement, il s'agit de pourvoir les besoins en personnel, soit en maintenant sur place les agents présents, soit en en rappelant d'autres. Dans une institution telle que l'AP-HP, il y a d'abord une décision de principe qui est prise pour l'ensemble des établissements ; ensuite, chaque établissement, en fonction de ses spécialités notamment, « décachette » une liste de membres du personnel à rappeler, avec leur qualification et leurs coordonnées. Cela implique une connaissance des spécialités et des métiers de chacun.

Deuxièmement, ainsi que je l'ai évoqué précédemment, il s'agit d'accélérer le circuit des malades déjà pris en charge, par exemple en faisant passer en phase d'hospitalisation ceux qui sont en salle de réveil, ou en faisant sortir plus rapidement ceux dont le départ n'était prévu que pour le lendemain.

Troisièmement, il y a un volet relatif aux questions logistiques, notamment à la fourniture et à la stérilisation du matériel.

Précisons que le « mode d'emploi » est spécifique au contexte : le plan blanc ne sera pas actionné de la même manière selon qu'il s'agit d'un accident ou d'un attentat de tel ou tel type, touchant telle ou telle catégorie de la population.

La prise en charge du traumatisme psychologique est organisée. Depuis environ vingt ans existent les CUMP, dont j'ai parlé, qui sont chacune rattachée à un SAMU. La CUMP du SAMU de Paris a une responsabilité zonale et peut être amenée à coordonner les autres. Dans la nuit du 13 au 14 novembre, le directeur général de la santé a jugé nécessaire de faire appel à des CUMP de province en renfort. Cela a permis d'avoir davantage d'équipes présentes sur place, mais nous avons vu lors des retours d'expérience qu'elles n'avaient pas nécessairement les mêmes modes d'intervention ni les mêmes habitudes de travail. Nous devons donc nous poser la question de l'évolution du dispositif. L'ARS travaille actuellement avec nous et avec les autres acteurs concernés à la réactualisation d'une forme de « plan blanc médico-psychologique ». Car tout n'a pas fonctionné de manière optimale dans cette mobilisation et cette prise en charge : pour le dire de manière caricaturale, à certains endroits, il y avait des professionnels présents mais peu de patients ont été orientés vers eux, tandis que, à d'autres endroits, il y avait des proches des victimes mais pas nécessairement les professionnels nécessaires.

Nous avons eu une discussion à ce sujet avec les élus de la ville de Paris. Ils estiment qu'il vaut mieux installer les lieux d'accueil à proximité immédiate du traumatisme. Cela peut se justifier, mais impose un certain type d'organisation. À l'inverse, on peut considérer qu'il vaut mieux prévoir des lieux disposant de l'ensemble des moyens utiles. Pour notre part, le 13 novembre, nous étions partis sur cette deuxième option, et nous avons dû nous adapter, tant bien que mal, à la première option. Ces options méritent d'être étudiées à nouveau – il était très difficile de le faire pendant la période de crise –, au regard d'impératifs qui ne sont pas nécessairement tous faciles à prendre en compte.

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