Intervention de Omar Dmougui

Réunion du 17 février 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Omar Dmougui, victime des attentats du 13 novembre :

Bonjour à tous et merci d'avoir demandé à m'entendre.

Je m'appelle Omar Dmougui. Je suis né le 7 septembre 1983 à Guelmim, au Maroc. Je suis en France depuis le 18 janvier 2003, depuis treize ans. Je suis le père d'une petite fille française, Dikra Dmougui. Je travaille au Stade de France où je suis vigile, à la porte G.

Le 13 novembre, je suis venu au Stade de France pour faire mon travail. C'était un jour comme tous les autres. J'ai pris mon badge. J'étais très content, car la France jouait contre l'Allemagne. Il y avait toutes les couleurs de la France. Il y avait aussi des Allemands. C'était bien.

Je fais des rondes entre la porte G et la porte H. Devant moi, il y a un jeune, âgé au maximum de vingt-trois, vingt-quatre ans, qui est habillé en civil. Je le regarde et il me regarde dans les yeux. Je croyais que c'était un policier en civil.

J'ai fait entrer les gens dans le Stade. Il y avait des jeunes, des hommes, des femmes, des couples, des personnes âgées. Avant la fermeture des portes, il y a eu des retardataires ; je les ai fait entrer. Ensuite, il y a eu une première explosion, à ma droite. Je n'ai rien vu, sauf un camion, à côté du café, qui a bougé à cause de la puissance de l'explosion. Après, je suis sorti pour évacuer du monde. Un policier s'est dirigé vers l'endroit où a eu lieu la première explosion. J'ai entendu des policiers dire que c'était un attentat. Après, j'ai évacué tout le monde vers le boulevard parallèle. Il y avait des jeunes, des très jeunes, des femmes. J'ai dit : « Éloignez-vous, reculez, s'il vous plaît, reculez, reculez ! ». J'ai vu le jeune homme qui me fixait dans les yeux. Il déclenche sa ceinture. Il y a une explosion et je tombe par terre à cause du souffle. Là, j'ai vu un monsieur, de type européen, âgé de cinquante-deux ans, qui me dit : « Aidez-moi, s'il vous plaît ! ». Je ne peux rien faire, car je n'arrive plus à bouger mes jambes. J'étais au milieu, à côté du kamikaze et du monsieur qui est blessé et qui perdra la vie cinq minutes plus tard.

Ensuite, les secours m'ont évacué et mis à côté de tout ce que je ne veux pas vous décrire. Un médecin a dit : « Non, sa place n'est pas ici ». Ils m'ont ramené au McDonald's où ils m'ont donné les premiers soins. Après, j'ai été évacué à l'hôpital.

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