Intervention de Samia Maktouf

Réunion du 17 février 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Samia Maktouf, avocate aux barreaux de Paris et Tunis :

Parce qu'elle n'a pas permis de neutraliser des terroristes identifiés en passe de commettre des actes terroristes et de tuer des citoyens français.

Artigat est la genèse du terrorisme ; c'est là qu'apparaît la tête pensante du terrorisme en France, qui est toujours active. Avec mes confrères, nous avons demandé que l'affaire Artigat 1 soit versée au dossier Merah, ce qui a été fait. Nous avons pu évaluer les dégâts. À ce jour, les protagonistes de l'affaire Merah sont les mêmes que dans toutes les autres affaires arrêtées ou avortées. Ce qui est grave, c'est qu'il y a eu beaucoup d'actions.

Je veux enfin faire part du manque de moyens du pôle antiterroriste. Aujourd'hui, il n'y a pas suffisamment d'experts auprès des magistrats chargés des instructions terroristes. On manque notamment d'experts arabophones. Dans l'affaire Merah, par exemple, le magistrat instructeur a cru qu'Abdelkader Merah avait modifié sa signature lors d'une audition ; en fait, il écrivait en langue arabe. Et ce qu'il a écrit est extrêmement grave : sur dix-huit pages de procès-verbal, il demande au juge de se convertir à l'islam, dit ne pas reconnaître la justice des hommes et ne reconnaître que la justice de Dieu. Il cite même certaines sourates du Coran. Ces éléments n'ont pas été traduits. J'ai dû demander une traduction assermentée parce que, avec mes confrères, nous avions besoin de démontrer la montée en puissance de l'endoctrinement d'Abdelkader Merah.

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