Intervention de Sabrina Bellucci

Réunion du 17 février 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Sabrina Bellucci, directrice générale de l'INAVEM :

L'aide aux victimes est un métier, que nous avons choisi, et qui perdure puisqu'il existe depuis trente ans. En tant que professionnels, nous sommes à l'écoute des victimes et de leurs besoins. Notre souci quotidien est d'adapter notre prise en charge à ce qu'elles nous disent. Tout processus peut être pérennisé si les victimes nous le demandent.

L'INAVEM intervient dans les dispositifs concernant les actes de terrorisme depuis 1985. Le premier colloque qu'il a organisé s'est tenu en 1987. Depuis, nous développons des dispositifs d'accompagnement et de suivi.

En novembre, les 92 associations mobilisées ont envoyé plus de 988 courriers et reçu 733 appels sur notre plateforme téléphonique. Les 1 800 personnes prises en charge nous ont toutes dit la même chose : elles étaient en quête d'écoute, de lisibilité, de traçabilité, elles avaient besoin de référents, de facilitateurs. M. Gicquel et d'autres, notamment l'AFVT, réclament plus et mieux d'État : la responsabilité de l'État est en effet de coordonner et d'identifier les acteurs qui interviennent auprès des victimes, de savoir qui fait quoi et à quel moment, et si l'action engagée est efficace. Il n'y a rien de pire, quand on est en plein chaos, que d'y ajouter du désordre. Quand on répond au chaos par le chaos, l'action menée en faveur des victimes n'est ni lisible ni efficace.

Quoique je sois un acteur associatif issu de la société civile, je partage avec l'État la responsabilité de mener cette réflexion, qui, au-delà de l'instruction ministérielle et du secrétariat d'État — dont le périmètre semble concerner à la fois les victimes du terrorisme et celles des accidents collectifs —, doit se pencher sur le pilotage des dispositifs existants. Car, si les bons dispositifs de droit commun dont nous disposons peuvent être améliorés, ils ont avant tout besoin d'être pilotés.

Nous devons aux victimes la lisibilité et surtout la traçabilité de nos actions. Elles nous ont dit, par exemple, ne pas avoir eu connaissance du numéro de téléphone de la cellule interministérielle d'aide aux victimes, alors qu'il s'agit d'un numéro de première écoute qui doit être diffusé immédiatement après l'attentat. C'est scandaleux. Il n'est pourtant pas difficile de trouver des dispositifs simples mais efficaces, tel « alerte enlèvement », mis en place par Nicole Guedj, qui permet de contraindre l'ensemble des chaînes de télévision, des médias, des transporteurs et des autoroutiers, à diffuser des annonces. Il suffirait de s'inspirer de telles actions pour informer les victimes du terrorisme des dispositifs qui sont mis à leur disposition.

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