J'ai bien noté que la mise à disposition des données était une préoccupation générale. Comme je l'ai exposé dans mon intervention liminaire, l'IFREMER travaille essentiellement sous l'angle de la recherche. Nos données sont publiées sous la forme d'articles scientifiques : il y a donc une mise à disposition. Il peut néanmoins y avoir des cas particuliers. En Polynésie, par exemple, nous avons eu accès à des échantillons sur lesquels avaient été faites des découvertes intéressantes, auxquelles nous avions travaillé avec le BRGM. Ces travaux ont fait l'objet de rapports, qui n'ont pas été publiés, mais qui ont été transmis aux responsables territoriaux de Polynésie voilà une dizaine d'années. À Wallis-et-Futuna, où les actions sont bien plus récentes, une information locale a été dispensée au cours de trois campagnes. Une vaste opération a été conduite en 2011 : les responsables locaux ont tous été invités à bord de notre navire pour prendre connaissance des technologies que nous utilisions et des premiers résultats acquis. Nous avons également reçu, durant une demi-journée, les élèves de première et de terminale scientifiques du territoire. Nous leur avons fait visiter le navire et leur avons présenté la problématique des ressources minières, ainsi que les cartes et les données acquises sur Wallis-et-Futuna. Tout cela a pu être organisé par l'intermédiaire du préfet. Nous n'en sommes qu'à la première étape de l'exploration, mais les contacts sont pris et ils vont se poursuivre.
Les informations sont bien sûr plus confidentielles s'agissant d'un partenariat public-privé, d'autant que nous avons travaillé dans le cadre d'une autorisation de prospection préalable (APP) qui ne donne pas l'exclusivité aux organismes ayant financé les opérations. Cela peut poser problème en cas de découverte intéressante. Nous avons été confrontés à ce cas de figure : un groupe australo-canadien a déposé une APP dans la même zone, avec un retard de trois ans sur les équipes françaises, et a pu voir quelques informations percer. L'APP expirée, nous travaillons actuellement sur un projet de permis : il n'y a plus de filet juridique pour les entreprises françaises.
S'agissant des grands fonds, je souhaite préciser un point. Il y a bien sûr la question de l'accès, à plus ou moins long terme, à une ressource – et pourquoi pas à une ressource dans les zones françaises. Mais il y a aussi le volet des technologies d'exploration, voire d'exploitation, dans lesquelles des groupes français comme Technip sont très bien placés. La problématique des grands fonds n'est donc pas seulement celle des ressources pour diversifier nos approvisionnements ; c'est aussi une problématique de savoir-faire national, au travers des technologies développées et commercialisées à l'échelle mondiale. C'est la stratégie sur laquelle tablent Technip et des groupes allemands.
Je ne dispose pas de suffisamment de temps pour exposer en détail toutes les facettes de notre métier. Comme mes collègues, je me tiens à votre disposition pour approfondir telle ou telle question. Je me propose également de mettre à votre disposition les rapports mentionnés tout à l'heure sur la problématique de l'expertise nationale sur les ressources marines.