Intervention de Stéphane Gicquel

Réunion du 17 février 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs, FENVAC :

En ce qui concerne ce dispositif de crise, nous progressons, même si nous avons eu des difficultés. Cela étant, il faut tenir compte du grand nombre de victimes. Les avis sont divers ; certaines personnes ont apprécié le dispositif.

Concrètement, il faut savoir que les appels au numéro qui avait été communiqué aboutissaient à la préfecture de police, laquelle ne connaissait pas le dispositif de la cellule interministérielle d'aide aux victimes, bien que le ministère de l'intérieur y ait été associé.

Le samedi matin, on a réuni toute une équipe au Quai d'Orsay. Nous avions même, grâce au système d'information numérique standardisé (SINUS), la liste de la répartition des personnes par hôpital. Mais le téléphone ne sonnait pas. Il a fallu qu'on s'énerve beaucoup, au plus haut niveau de l'État, pour que les appels soient retransmis automatiquement de la préfecture de police à la cellule interministérielle, et non plus vers un service de la Mairie de Paris. En même temps, nous entendions dire que la Mairie de Paris avait ouvert, sans concertation, un dispositif d'accueil aux victimes. De la même façon, quand le centre d'accueil de l'École militaire a été ouvert, nous l'avons appris en voyant un bandeau défiler sur BFMTV.

Je ne veux pas accabler le dispositif, qui est bon. Cependant, il n'y avait ni formation ni préparation, mais une part d'improvisation, avec des fonctionnaires qui arrivaient d'horizons très divers. Je crois qu'un appel sur dix seulement aboutissait à la préfecture de police. Une fois transmis au ministère des affaires étrangères, tous les appels étaient pris en compte.

Les relations avec les hôpitaux n'ont pas non plus été satisfaisantes. L'AP-HP ne voulait pas transmettre des données qu'elle considérait comme confidentielles. Il faut savoir que les ministères ont chacun une appréciation différente de ce qu'est une victime. Dans les premières heures et les premiers jours, la priorité de la cellule interministérielle était les familles endeuillées. Mais, je le répète, nous partions d'une page blanche. Nous avions la liste des personnes décédées, mais pas la composition de la famille de Monsieur X ni ses coordonnées. Nous devions donc attendre que la famille se manifeste. C'est une vraie difficulté opérationnelle, qui n'est pas incontournable, mais qui existe.

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