Intervention de Patrice Cochelin

Réunion du 1er mars 2016 à 18h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Patrice Cochelin :

Notre méthodologie est publique et transparente, ce qui permet toujours d'expliquer pourquoi une note a changé, et sur la base de quels critères.

Pour ce qui est de l'incidence que la notation peut avoir sur le comportement de l'émetteur concerné, je rappelle que nous n'exprimons qu'un avis parmi de nombreux autres, et que cet avis est très technique et très ciblé : il se rapporte uniquement au risque de crédit, c'est-à-dire à la volonté et la capacité de l'émetteur de payer en temps et en heure le principal et les intérêts de sa dette. De nombreux autres facteurs entrent en jeu lorsque l'État s'interroge sur sa capacité à se financer et sur ce que cela va lui coûter. Il est clair que la notation n'est pas l'alpha et l'oméga en matière de coût du financement, et qu'elle n'entend pas l'être. On entend parfois dire que le fait d'avoir abaissé la note de la France n'a eu aucun effet sur les modalités de financement de la dette, ce qui est censé démontrer que la notation ne sert à rien. De notre point de vue, ces deux arguments contraires se neutralisent.

Pour ce qui est de la crise grecque, je rappelle que nous avons commencé à abaisser la note de la Grèce en 2004, c'est-à-dire bien avant que n'éclate la crise des dettes souveraines. Ayant mis en évidence des anomalies affectant la présentation des comptes, nous avions attribué la note A à la Grèce, alors que tous les autres émetteurs de la zone euro étaient notés AA ou AAA. Si l'on se réfère aux pays de la périphérie de l'Europe – ceux dont les notes ont le plus évolué, focalisant l'attention des marchés –, on observe que la notation a plutôt joué pour eux un rôle stabilisateur. Certes, ces pays ont subi un affaiblissement de leur crédit, dont nous avons rendu compte, mais leurs notes ont évolué de façon relativement modérée par rapport au coût de financement de leur dette, résultant essentiellement de l'appréciation des marchés, qui affirmaient que la grande majorité de ces pays étaient au bord du défaut de paiement : pour Standard & Poor's, la plupart se situaient aux environs de BBB-, la dernière note de la catégorie « investissement » – alors que la note BB+, située juste en dessous, fait partie de la catégorie spéculative.

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