Intervention de Jean-Louis Roumegas

Réunion du 8 mars 2016 à 17h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Roumegas :

Ce rapport d'information est intéressant et instructif car il décrit bien le modèle économique des passeurs libyens. La mission Sophia est nécessaire, elle se déroule dans de bonnes conditions et a obtenu des résultats humanitaires – même si son succès est relatif, puisque les réseaux n'ont pas été démantelés.

Cela dit, il conviendrait d'adopter un point de vue politique plus global : si des personnes sont prêtes à payer 500 ou 1 000 euros et à risquer leur vie, ce n'est pas uniquement parce que des petits trafiquants leur proposent une offre de transport, mais aussi parce qu'ils sont poussés à partir, pour des motifs sérieux, de nature politique ou économique, ou à cause d'une guerre. Or cela n'apparaît absolument pas dans l'analyse des rapporteurs. C'est la logique de l'« Europe forteresse », qui n'interroge pas les raisons des migrations et ne recherche pas de solutions politiques. Même à propos du renforcement de l'État libyen, il est uniquement question des moyens de lutte contre les trafics et les migrations, et pas de la lutte contre la violence dans la zone sahélienne, qui permettrait d'agir sur leurs causes. Je trouve gênant que nous ayons l'air de cautionner cette logique. J'ajoute que la situation découle de l'action des Occidentaux, qui n'avaient pas anticipé les conséquences de leur politique.

Il faudrait conduire une mission allant au-delà des opérations de police, ayant un objectif humanitaire explicite. Et nous devons avoir la volonté d'obtenir un règlement politique global, ne pas nous contenter de demander aux Libyens de faire la police pour notre compte.

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