Intervention de Raoul Salomon

Réunion du 9 mars 2016 à 18h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Raoul Salomon, responsable des activités de marché pour Barclays en France :

Il est vrai qu'en première approche, l'idée de taux d'intérêt négatifs est extrêmement perturbante. Lorsque j'ai commencé à travailler sur les marchés financiers, le taux des bons du trésor à intérêts annuels (BTAN) à deux ans se situait autour de 7,5 %. Évidemment, je n'imaginais pas des taux d'intérêt négatifs. Mais il faut prendre en compte un élément de comparaison : à l'époque, le taux au jour le jour de la Banque de France était beaucoup plus élevé. Aujourd'hui, si l'on place son argent auprès de la BCE, le taux est très négatif, cela va donc coûter beaucoup. Si l'on peut placer cet argent de façon moins coûteuse, c'est quand même intéressant, même si c'est à taux négatif. Si demain la BCE baisse encore ses taux, il y a de fortes chances qu'ils y aient encore des investissements à des taux négatifs, bien que cela semble un non-sens, car ce sera toujours mieux que de placer son argent à la BCE.

Toutefois, beaucoup d'investisseurs n'achètent pas de taux d'intérêt négatifs. Par exemple, au cours des quatre dernières années, les assureurs français ont acheté très peu d'OAT, ils ont surtout acheté des obligations d'entreprises. Cela peut évidemment tenir au fait qu'ils anticipent un redémarrage de l'économie, mais surtout, au fait que les taux offerts sont nettement supérieurs.

Il y a un effet d'optique très fort. Nous avons tous connu des écarts de taux importants entre la France et l'Allemagne. Mais aujourd'hui, si le taux de l'Allemagne est de 0,3 et celui de la France de 0,6, nous passons du simple au double. Chaque fin d'année, les performances des différents investisseurs sont comparées. Si dans l'absolu, un taux de 0,6 n'est pas très élevé, il reste qu'il est le double de 0,3. En termes de performance, cela signifie que vous faites deux fois mieux. Ces taux négatifs vont donc créer une illusion d'optique qui compresse tous les écarts de taux.

Nous observons aussi que beaucoup de gens ont commencé à investir dans des obligations émergentes ou des obligations à haut rendement, ce qui pourra d'ailleurs provoquer un problème un jour.

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