Intervention de Christophe Jobert

Réunion du 9 mars 2016 à 18h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Christophe Jobert, responsable des activités global market en France pour BNP Paribas :

Sans entrer dans la technique financière, il est important de distinguer un emprunt qui porte un coupon négatif d'un emprunt qui offre un rendement obligataire négatif. Prenons un exemple simple : si vous achetez une obligation à 101, dont le coupon est à zéro, et qu'elle est remboursée à 100, son rendement obligataire sera négatif sans que son coupon soit négatif. Or la demande est telle pour certaines obligations que leur prix monte considérablement, à tel point que leur rendement obligataire devient négatif. C'est une nuance importante.

Pourquoi existe-t-il une telle demande ? Les opérations de quantitative easing y contribuent de manière importante : le Gouvernement français émet 180 milliards ; si la BCE en achète 100 milliards, auxquels s'ajoutent la demande des banques commerciales et celle des investisseurs qui préfèrent acheter un actif réputé, de qualité et liquide, comme l'est la dette française, nous aboutissons à une situation dans laquelle la demande excède l'offre.

M. Spitz a soulevé un point très important : l'effet quantitative easing fait baisser le coût de l'emprunt pour tous les émetteurs : pour l'État, mais également pour toutes les entreprises. De ce point de vue, c'est une bonne chose. En second lieu, il favorise un transfert de l'épargne depuis les obligations d'État qui ne rapportent plus rien, vers les obligations d'entreprises. Gardons à l'esprit qu'en 2015, les entreprises françaises dans leur ensemble ont émis pour 60 milliards d'euros d'obligations. Les institutions financières – banques et assurances — 60 milliards également. S'y ajoutent les émissions des agences d'État telles que la CADES (Caisse d'amortissement de la dette sociale), l'Unedic, l'AFD (Agence française de développement), pour 40 milliards. Au total, ce sont donc 160 milliards qui sont émis, à rapporter aux 185 milliards de l'État. Les 100 milliards pris par la BCE orientent autant d'épargne vers d'autres émetteurs, notamment les entreprises françaises. C'est un effet très important qui est recherché par les banques centrales.

Enfin, comme l'a mentionné M. D'Orsay, un effet change est également recherché : cette politique a eu pour effet de faire baisser l'euro, ce qui est favorable à l'économie européenne.

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